LFP/ appel d’offres: la justice décidera vendredi

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La justice dira vendredi si la Ligue de football professionnel (LFP) peut procéder à son appel d’offres anticipé sur les droits de diffusion audiovisuels pour la Ligue 1 et la Ligue 2 sur la période 2016-2020. Le président de la LFP Frédéric Thiriez avait créé la surprise le 6 mars en annonçant le lancement anticipé et immédiat de ces enchères à plusieurs centaines de millions d’euros. Canal+, diffuseur historique du championnat français aujourd’hui en concurrence avec la jeune chaîne qatarie BeIN Sports, avait répliqué le 18 en déposant un référé pour faire suspendre l’opération. La chaîne avait également saisi l’Autorité de la Concurrence. 

Qualifiant la LFP de «véritable opérateur en situation de monopole», l’avocat de Canal+ Pascal Wilhelm a estimé que la Ligue pouvait ainsi être «incitée à abuser de cette position». Et, avec l’irruption de BeIN Sports, la LFP «veut profiter de cette situation où deux opérateurs se font la guerre», pour faire monter les enchères. Or le foot «est un des arguments principaux des abonnements de Canal+ qui ne peut pas ne pas acheter les droits de la Ligue 1» sous peine d’une hémorragie de ses clients. Il y a donc pour la chaîne «un danger imminent, un dommage imminent». Et ce alors même que «la Ligue doit assurer à ses diffuseurs, qui paient plus de deux milliards sur l’ensemble du contrat, une jouissance paisible» des biens acquis, jusqu’au terme du contrat, ajoute Me Wilhelm. Enfin, l’avocat pointe que «nulle part ailleurs» en Europe un tel raccourcissement des délais n’a été vu, évoquant des appels d’offres lancés au maximum «19 mois à l’avance, contre 28 mois ici». Et un délai habituel pour ceux de la LFP de huit mois. Faux, réplique pour la LFP Me Yves Wehrli, qui dénonce la volonté de Canal+ de «créer un climat d’intimidation», alors même que la LFP «est encadrée par tout un tas de règlements et ne peut pas faire ce qu’elle veut». 

Ce délai de deux ans doit notamment permettre de «donner de la visibilité» à tous les acteurs, Ligue, clubs, mais aussi diffuseurs, d’autant que «rien dans les textes n’impose une date particulière, la liberté de la Ligue est totale» en la matière, assure l’avocat. La LFP assume également un calendrier qui lui semble le «meilleur» pour remplir sa mission «faire vivre le football pro et amateur», qui bénéficie de 5% des droits télé. «Elle essaie de le faire le mieux possible et pour que ça lui rapporte le plus possible, ça s’appelle gérer en bon père de famille». 

D’ailleurs, pour le conseil de la LFP, «les droits sont sous-valorisés par rapport à ce qui se fait en Europe», d’autant que la qualité du championnat français s’est nettement améliorée ces dernières années. 

Enfin, les dommages allégués par Canal+ sont «doublement hypothétiques», car rien ne dit que la chaîne va perdre, «ce que nous ne souhaitons pas». Et si elle gagne elle pourrait au contraire récupérer des abonnés de BeIN. La LFP demande en conséquence que Canal soit débouté et condamné à 40.000 euros d’amende pour procédure abusive. Décision vendredi.