N. AUBOYNEAU (France 2) : «Les Molières sont un véritable exercice de style»

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Nicolas AUBOYNEAU, Directeur de la Culture à France 2

La culture se décline de multiples façons sur France 2. Le théâtre, d’abord, avec la diffusion de cinq à dix pièces par an, en fonction des saisons. La musique classique, ensuite, s’inscrit quant à elle dans le cadre d’événements d’envergure à l’instar du «Concert de Paris». A l’occasion de la soirée des «Molières» programmée cette année le 28 mai, média+ s’est entretenu avec Nicolas AUBOYNEAU, Directeur de la Culture de France 2.

MEDIA +

«Les Molières» ont-ils réussi à se renouveler ?

NICOLAS AUBOYNEAU

La cérémonie se renouvelle tous les ans sur France 2. La remise de prix est un véritable exercice de style qui demande beaucoup d’inventivité, de création, de plaisir et d’envie. «Les Molières» doivent être abordés comme une fête entre amis. Cela tient à assez peu de choses au final. En fonction des spectacles nommés et des artistes qui viennent recevoir leur récompense, l’ambiance peut être plus ou moins différente. Pour les trente ans de la cérémonie en 2018, des hommages et des surprises sont prévus. Cette soirée sera composée d’une pièce en Prime Time, «La Garçonnière» avec Claire Keim, Guillaume de Tonquédec et Jean-Pierre Lorit, suivie des «Molières» orchestrés par Zabou Breitman de la salle Pleyel, en deuxième partie de soirée.

MEDIA +

«Les Molières» sont-ils un bon moyen de repérer de futures pièces pour France 2 ?

NICOLAS AUBOYNEAU

Disons que c’est une soirée qui confirme certains de nos choix. Par exemple, nous avions décidé de capter «Le jeu de l’amour et du hasard» de Marivaux, mis en scène par Catherine Hiegel au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Cette pièce est aujourd’hui nommée dans plusieurs catégories des «Molières». Cela conforte nos choix en voyant que la profession l’a aussi repérée.

MEDIA +

Le théâtre sur France 2, ça représente quoi ?

NICOLAS AUBOYNEAU

Entre 5 et 10 pièces par an. C’est très variable. Il y a des années avec, et des années sans. Cela dépend en réalité de notre capacité à en trouver, et de celle du monde du théâtre à nous en proposer.

MEDIA +

Qu’est-ce qui est diffusable en Prime Time ?

NICOLAS AUBOYNEAU

Des pièces susceptibles de remplir une très grande salle. Début avril sur France 2, nous avions diffusé «Paprika», la pièce de Pierre Palmade avec Victoria Abril. 3,8 millions de téléspectateurs étaient réunis, soit 15,8% de pda. C’était une réussite. Nous avons l’expérience des pièces en direct. Le public doit avoir envie de venir et surtout de rester. Le début de la pièce est primordial ainsi que l’intensité dramatique permanente. Toutes les pièces ne sont pas faites pour la télévision.

MEDIA +

Il y a donc deux éléments dans vos choix : le casting et l’histoire ?

NICOLAS AUBOYNEAU

Le casting, l’histoire, la mise en scène, le décor et l’éclairage. L’ensemble fait que nous sommes cohérents en télé. Après, il y a des pièces qui peuvent fonctionner en TV mais à des horaires plus tardifs. Je suis très content que des chaînes comme TMC, C8 et Paris Première fassent du théâtre et trouvent leur public. Il y a des pièces qui sont faites pour recevoir 500.000 téléspectateurs, ce qui est déjà beaucoup. Mais sur France 2, ce serait un échec industriel.

MEDIA +

Imposez-vous le direct ?

NICOLAS AUBOYNEAU

On essaie de le faire le plus possible en direct. Et quand on ne le fait pas, c’est souvent pour des raisons techniques ou de planning.

MEDIA +

Faites-vous encore de la création de pièces ?

NICOLAS AUBOYNEAU

Nous demandons à des producteurs de spectacles, auteurs et metteurs en scène de nous faire des propositions de pièces qui ne se joueraient que pour nous. Sur «Paprika», j’ai assisté à une lecture au départ. Cette dernière nous a motivés à devenir partenaire de la pièce. Nous avons donc investi un peu d’argent et nous l’avons soutenue durant son exploitation classique. C’est très vertueux.

MEDIA +

Quelle est la fourchette moyenne investie dans les pièces de théâtre ?

NICOLAS AUBOYNEAU

C’est un prix de Prime Time classique pour France Télévisions, au même titre qu’une émission de divertissement. Après, tout dépend du casting et des comédiens. Il y a une vraie certitude, il n’y a pas plus d’argent pour le théâtre que pour un autre genre. Il y a quelques années, quand on a remis le théâtre à la TV, de grandes pièces étaient montées. On acceptait volontiers les demandes parfois importantes de certaines stars. Au fil du temps, on s’est aperçu que nous parvenions très bien à faire des pièces en réduisant le budget.

MEDIA +

Quels événements de culture préparez-vous pour les mois à venir?

NICOLAS AUBOYNEAU

La culture sur France 2, c’est également la musique classique. «Le Concert de Paris» le 14 juillet est certainement l’une des plus grosses manifestations de musique classique  au monde, retransmise sur France 2 en direct et en mondiovision dans quelques territoires dont souvent la Chine. D’autre part, nous développons pour le 11 novembre prochain, dans le cadre des célébrations du centenaire de l’armistice, un concert au Château de Versailles avec l’Orchestre Philharmonique de Vienne, le Chœur de Radio France et plein de solistes. Nous le coproduirons avec la ZDF, la télévision allemande. Le choix des œuvres de musique classique va nous raconter une histoire. Qu’est-ce que signifie le nationalisme en musique ? On va opposer Debussy à Wagner, etc. Aux commentaires, vraisemblablement Stéphane Bern pour la France. Il nous semble important d’utiliser la télévision pour partager des valeurs communes.