Ogury propose de payer ou partager ses données

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Payer quelques euros pour accéder
à des contenus sur une application
mobile ou y accéder gratuitement en
partageant ses données de navigation
anonymisées et en recevant des
publicités ciblées, c’est le choix que
l’entreprise française Ogury compte
offrir prochainement, d’après un
communiqué publié vendredi.
«L’utilisateur va avoir un choix très
clair. On lui dit: «Avant, on te faisait
croire que c’était gratuit et on te
volait ta data dans la poche arrière…
Nous on ne te ment pas, on te dit que
ce n’est pas gratuit, et tu peux payer
soit avec ta data (tes données), soit
avec ton argent. A toi de choisir+», a
expliqué Jean Canzoneri, cofondateur
d’Ogury. L’entreprise spécialisée dans
les données et publicités sur mobile
lancera la fonctionnalité en «bêta»
(version test) lors du Mobile World
Congress, le salon international de la
téléphonie mobile, qui s’ouvre lundi
à Barcelone, sur les applications de
ses plus gros clients. Fondée en 2014,
Ogury a développé, uniquement sur
mobile, un outil de récolte et d’analyse
de données, couplé à une solution
d’achat d’espaces publicitaires ciblés
en fonction de ces informations.
Pour les utilisateurs, Ogury apparaît
sur certaines applications sous la
forme d’un «consent manager» –
cette fenêtre qui donne le choix entre
refuser ou accepter d’être «suivi» de
façon anonyme dans sa navigation
mobile et de voir des annonces
ciblées. En cas de refus, l’utilisateur
ne sera pas pisté et verra des publicités
non personnalisées. «Nous avons le
taux d’acceptation le plus faible, avec
environ 40% des gens qui acceptent
de partager leur data, à comparer
avec Facebook ou Google qui ont
90%… Mais pour nous, ce n’est pas
un inconvénient, c’est un avantage»,
asure Jean Canzoneri. «On considère
que quand il y a 90% d’acceptation,
c’est une dictature!»
«Choix honnête» : Ogury met un
point d’honneur à recueillir de «vrais
consentements», conformes au
Règlement européen sur la protection
des données (RGPD), contrairement
aux formules vagues qui, sur de
nombreux sites, incitent l’internaute
à accepter sans toujours vraiment
comprendre les enjeux, juste pour
accéder au contenu rapidement.
Avec le lancement de cette nouvelle
fonctionnalité, baptisée «Fair
Choice» («choix honnête»), Ogury
rappelle que produire des contenus
coûte de l’argent, et concrétise, en
quelque sorte, la formule consacrée
sur internet: «si c’est gratuit, c’est que
vous êtes le produit». «Cela va nous
aider à convaincre certains éditeurs
de mettre en place un vrai «consent
manager», parce que dans les deux cas
l’éditeur gagne sa vie, alors qu’avant,
quand l’utilisateur disait: «non je ne
veux pas de pub ciblée», l’éditeur
gagnait beaucoup moins bien sa
vie», argumente le cofondateur. Les
éditeurs devront estimer combien un
utilisateur leur rapporte en revenus
publicitaires, avant de décider le prix
à payer pour échapper aux publicités

  • probablement quelques euros. Née
    à Londres, et rentable depuis sa
    première année, Ogury a dépassé en
    2018 les 100 millions de dollars de
    chiffre d’affaires, qui réalise environ
    la moitié de ses ventes aux Etats-
    Unis. Elle emploie 360 personnes
    dans le monde, dont plus de 150 à
    Paris. La société fournit à ses clients
    (900 marques et 3.500 éditeurs),
    des informations chiffrées qui leur
    permettent d’analyser et de cibler
    leurs utilisateurs et leurs clients
    potentiels, grâce à une base d’environ
    400 millions d’individus ayant
    consenti à partager leurs données
    dans le monde.