La présence des femmes dans les médias encore trop faible

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La présence des femmes dans les médias, que ce soit sur les écrans ou parmi les dirigeants des rédactions, est encore trop faible, selon plusieurs études publiées ces jours-ci, poussant des journalistes et des associations à se mobiliser pour corriger ce déséquilibre. Si la plateforme Pressed, qui dresse chaque année un panorama de la visibilité des femmes dans les médias, a constaté une légère amélioration début 2018, la disparité reste très importante : en janvier et février, les 10 premières femmes du classement enregistrent 303 mentions en une de la presse écrite, soit 4 fois moins que les 10 premiers hommes (1.398 mentions). Des conclusions globalement corroborées par un rapport du CSA publié ce mardi qui montre qu’en 2017, la présence des femmes dans les médias audiovisuels a progressé de 2 points en un an, à 40%. Et si le taux d’expertes a progressé de 5 points, à 35% (un score qui monte à 41% sur le service public, contre 27% dans le privé), la part des femmes dans la catégorie des «invités politiques» a reculé de 5 points, à 27%, relève le CSA. Un constat partagé par les professionnels des médias consultés en février par l’association MédiaClub’Elles : près de 85% des personnes sondées estiment que les femmes ne sont pas assez représentées dans les médias. Cette association, qui cherche à améliorer la représentation des femmes dans l’audiovisuel, le cinéma, et la musique, a interrogé environ 300 professionnels.Une écrasante majorité des répondants (86%) sont des femmes. Parmi les principaux freins aux carrières des femmes dans les médias, les personnes consultées pointent la faible proportion de femmes dans les organes de décision (à 74%), les inégalités salariales (65%), les inégalités d’évolution de carrière (64%) et les remarques sexistes (58%). «Beaucoup de professionnelles des médias dénoncent le machisme, voire le harcèlement sexuel dont elles ont été victimes à l’embauche ou au cours de leurs fonctions, au point dans certains cas d’y sacrifier une partie de leur carrière», affirme l’association. A la suite de l’affaire Weinstein, plusieurs affaires ont secoué des médias, notamment Radio France et LCP. Le collectif de journalistes «Prenons la Une», qui intervient depuis plusieurs années sur ces sujets, vient de se transformer en association pour accompagner dans leurs démarches juridiques les femmes victimes de harcèlement au sein des rédactions. Une autre association, «Pour les femmes dans les médias», qui réunit des femmes dirigeantes du secteur et veut promouvoir la place des femmes «sur les écrans et dans les hiérarchies», travaille à l’élaboration d’une charte de bonne conduite des relations femmes/hommes dans les entreprises audiovisuelles. «Cette charte engagera les membres de l’association et les entreprises partenaires afin que cesse toute forme de harcèlement sexuel (…)», explique-t-elle. «Il y a encore beaucoup à faire. J’ai l’impression que la jeune génération est beaucoup moins féministe que la nôtre», a expliqué Françoise Laborde, fondatrice et présidente de l’association. Certains médias, dont l’AFP, ont édicté des bonnes pratiques à l’attention de leurs journalistes. Le CSA a lui même lancé mardi une autre charte, qui vise cette fois à faire reculer les stéréotypes sexistes dans les publicités, pour sortir des clichés réservant aux hommes les rôles d’experts et aux femmes les tâches ménagères. Et d’autres formes de mobilisation se sont développées ces dernières semaines dans les rédactions, avec l’éclosion de mouvements pour protester contre l’absence de femmes aux postes hiérarchiques et/ou réclamer un meilleur traitement médiatique des femmes. Au «Parisien», 77 femmes ont déposé leur candidature au poste de rédactrice en chef «pour protester contre l’absence de femmes à la direction». Leurs consoeurs de «L’Obs» ont déploré des disparités salariales tandis que le SNJ du «Progrès» a regretté un déséquilibre de traitement éditorial.