Le «ransomware» domine actuellement le marché des malwares

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Un virus s’introduit dans votre ordinateur, qui vous empêchera d’accéder à vos fichiers tant que vous n’aurez pas payé une rançon: les attaques de «ransomwares» ont explosé cette année, et touchent de plus en plus les entreprises. «Les ransomwares dominent actuellement le marché des malwares», les logiciels malveillants que les pirates informatiques envoient dans les machines de leurs victimes, constate le spécialiste des réseaux Cisco dans son dernier rapport semestriel. «Bien qu’ils existent depuis un certain temps, leur récente évolution les a érigés au rang des malwares les plus rentables de l’histoire de la cybercriminalité», ajoute le groupe américain. Evolution des fenêtres qui surgissaient il y a quelques années pour vous inviter à acheter un antivirus après la détection d’un hypothétique virus, les ransomwares – ou rançongiciels, en français – bloquent l’ordinateur ou en cryptent les données. Et pour pouvoir récupérer ses travaux personnels ou ses photos de vacances, l’internaute est invité à verser quelques bitcoins. La rançon exigée n’est en général pas très élevée. Depuis quelques mois, les virus Petya, Locky, TeslaCrypt, Zepto ou Cerber se répandent aussi, et de plus en plus, dans le monde du travail. «Selon notre dernier rapport, 43% des ransomwares visent des entreprises. Il y a un glissement très important, puisque 99% visaient le grand public il y a un an», constate Laurent Heslault, directeur des stratégies de sécurité chez Symantec, l’éditeur américain de l’antivirus Norton. Les victimes françaises ne s’en vantent généralement pas. Un cabinet d’avocat d’Orléans a choisi de parler cette semaine, alors que des hackers – domiciliés en Russie selon les 1ers éléments de l’enquête – réclamaient une rançon de 8.000 dollars pour décrypter ses fichiers. Parmi les cas connus d’institutions qui ont payé, on trouve des hôpitaux américains, une université canadienne, de très nombreuses PME… Avec parfois une variante: la menace de tout bloquer, sans forcément passer à l’acte. «J’ai vu des grandes banques françaises qui ont été menacées pendant plusieurs jours», raconte David Sportes, DG de la société de services françaises Harmonie Technologies. Reste une question d’importance: faut-il payer? Assurément non, selon les autorités et les spécialistes de la cybersécurité. C’est le choix qu’ont fait l’an dernier les exploitants d’une hydrolienne au large d’Ouessant, en Bretagne, à qui des pirates demandaient 4.000 dollars. Résultat: la machine a été paralysée pendant 2 semaines. Il est donc souvent tentant de verser la rançon demandée. A ses risques et périls! «En général, les pirates ont tendance à tenir parole, et quand vous payez, vous récupérez vos données», assure Thierry Karsenti, directeur technique pour l’Europe de l’éditeur israélien de logiciels Check Point. Selon une étude du spécialiste japonais de la cybersécurité Trend Micro, toutefois, 50% des entreprises françaises infectées paient la rançon, sans pour autant récupérer leurs données. «La récupération des données est loin d’être garantie et les organisations se retrouvent souvent dans une position très difficile, privées d’accès à leurs fichiers avec des pertes financières qui peuvent s’avérer conséquentes. Il est crucial de prendre conscience que nous avons avant tout affaire à des criminels, à qui il ne faut jamais faire confiance», souligne Loïc Guézo, responsable de la stratégie de l’éditeur japonais de solutions de sécurité Trend Micro pour l’Europe du Sud. Seules 32% des entreprises qui ont cédé au chantage ont récupéré leurs billes, selon l’étude… qui constate aussi que 16% des responsables de la sécurité informatique interrogés n’ont jamais entendu parler de ransomwares! La rançon a coûté en moyenne 638 euros, un montant supérieur à 1.000 euros pour le quart des répondants. «La menace ransomware de base, en ayant une hygiène informatique correcte, on est quand même capable de l’éviter, ou du moins d’en limiter les impacts», juge Gérôme Billois, consultant chez Wavestone.