Révolution du design automobile au CES: vers une ère de voitures «smartphone sur roue» 

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Aucune poignée, aucun rétroviseur extérieur, aucun bouton sur le tableau de bord, aucune aspérité sur la carrosserie, les constructeurs dévoilent au salon de l’électronique de Las Vegas une voiture pour demain au design épuré à l’extrême où tout se fera dans le doigté et l’automatisation. La voiture du futur sera un «smartphone sur roue», résume Jessica Boothe, directrice de la recherche marketing du CTA, l’organisateur du CES. Dès lors pas étonnant que les concept cars, prototypes et autres nouvelles gammes dévoilés cette semaine par les constructeurs et équipementiers automobiles se contentent d’écrans en guise de tableau de bord. Pour certains, même les rétroviseurs latéraux sont numériques, avec une petite caméra pointée sur l’extérieur. Le conducteur regarde alors le film de ce qui se trouve derrière lui sur une tablette située de chaque côté de son tableau de bord. L’équipementier français Forvia a mis au point une portière dont une bande d’une vingtaine de centimètres devient un écran, donnant l’impression d’être translucide, lorsqu’un piéton ou un cycliste par exemple se trouve à une certaine distance sur le côté du véhicule. Ceci pour éviter un incident malheureux lorsque le conducteur déboîte ou tourne à un carrefour. La voiture peut aussi empêcher l’ouverture de la portière, si elle détecte un danger. «Ce sera disponible dans deux ans. Il suffit qu’un constructeur soit intéressé, nous sommes prêts», assure Helen Cai, directrice marketing de l’innovation pour les intérieurs. A côté d’elle se trouve un tableau de bord qui déclenche des exclamations ébahies de la part d’experts et de représentants de constructeurs venus découvrir les dernières créations de l’équipementier. Les paramètres de la conduite –vitesse, kilométrage, etc– sont projetés par un éclairage arrière et semblent suspendus dans les airs. «C’est une image flottante», explique Mme Cai, ravie de l’effet produit. Photos et vidéos sont interdites sur le stand, il faut montrer patte blanche pour entrer car les craintes d’espionnage industriel sont vives. 

Image flottante : Les constructeurs n’ont pas de problème avec les images, au contraire, et exposent fièrement leurs dernières créations. Si autrefois, ils parlaient probablement de puissance du moteur, de poids du véhicule et autres détails mécaniques, désormais ils évoquent l’IVI –pour «in-vehicle infotainment» ou infodivertissement embarqué– dont le contenu est accessible par un simple toucher du conducteur. «Soyez prêts pour une expérience qui n’est pas uniquement un véhicule mais un avant-poste de l’innovation et du divertissement», prévient Sony Honda Mobility (SHM), qui entend «redéfinir la relation entre les gens et la mobilité» avec le prototype de sa voiture Afeela. Le tableau de bord, une nouvelle fois, n’est qu’écrans de haute qualité, le volant est remplacé par une commande similaire au manche d’un avion et l’emplacement entre les deux sièges avant –où se trouvait autrefois le levier de vitesses– accueille désormais… une manette de jeu vidéo. Le futur conducteur de la E350 automatique du constructeur allemand Mercedes fera également face à un immense écran. Disparus les boutons à tourner ou à presser pour allumer l’auto-radio –qui lui-même n’existe plus–, les réglettes de variation pour la vitesse du ventilateur ou sa température, etc. Plus besoin de chercher dans tous les recoins d’un cockpit saturé pour trouver les warnings ou le bouton de désembuage. Et ces voitures intelligentes, pour la plupart, n’ont même plus de poignées. Pas même escamotées comme sur les Tesla par exemple.