Syrie : une presse citoyenne clandestine voit le jour

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En Syrie où la presse est muselée depuis des décennies, une multitude de journaux clandestins et de sites internet nés d’initiatives privées ont fleuri depuis le début du soulèvement. La plupart de ces médias soutenant l’insurrection contre le régime du président Bachar Al-Assad travaille dans le plus grand secret, et les journalistes utilisent des noms de plume de crainte d’être persécutés. Suryitna (Notre Syrie), Oxygène, Hurriyat (Libertés) ou encore Enab Baladi (Raisin local) sont certains de ces médias, lancés pour la plupart par des citoyens journalistes. Ils sont largement suivis dans le pays et à l’étranger par les Syriens assoiffés de liberté. «En tant que jeunes Syriens, nous voulions soutenir la révolution par tous les moyens possibles, et le journal est le résultat de notre effort commun», affirme Jawad Aboul Mouna, rédacteur en chef de Suryitna. La plupart de ces médias sont des publications électroniques, mais des militants ont pris dans certains cas l’initiative de les imprimer et de les distribuer dans les zones où ils résident.  «Nous avons été surpris de découvrir que des centaines de copies de notre journal étaient imprimées à Homs», ville du centre de la Syrie dont une partie est tenue par les rebelles, dit M. Aboul Mouna, qui utilise un pseudonyme comme la plupart des opposants basés en Syrie. «Tout ceux qui sont soupçonnés d’avoir contribué à des publications comme la nôtre ont été emprisonnés, et d’autres ont fui le pays», a affirmé l’opposant dont la publication a été lancée en septembre dernier. Douze journalistes ont été tués depuis le début du soulèvement en mars 2011. Selon Reporters sans frontières, 32 «net-citoyens» et citoyens journalistes ont également été tués, alors que 14 journalistes et 17 net-citoyens ont été emprisonnés.