Thierry de SEGONZAC, Président de la FICAM

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L’Observatoire «Métiers et Marchés» de la Fédération des industries du Cinéma, de l’Audiovisuel et du Multimédia (FICAM) recense chaque année les productions de films de long métrage. Que doit-on retenir sur le secteur ? Réponse avec Thierry de SEGONZAC, Président de la FICAM.

 

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De plus en plus de films sont produits en France. Qu’en est-il exactement?

Thierry de SEGONZAC

Les différentes mesures d’attractivité mises en place sur le territoire français avec le crédit d’impôt cinéma et audiovisuel ont impacté positivement la hausse du nombre de films produits dans l’Hexagone. La France est le 1er pays européen producteur de films. Sur 189 films tournés en 2013, 164 étaient des longs métrages de fiction d’initiative française, soit 11 de plus qu’en 2012. Qu’on se le dise, la production française est forte et dynamique. L’augmentation du nombre de films de fiction est essentiellement due à la hausse du nombre de projets se situant dans une tranche de budget comprise entre 1 et 2 M€ (+44 %).

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Les films supérieurs à 10 M€ de budget sont en fort recul (-33 %). Une explication ?

Thierry de SEGONZAC

C’est un phénomène conjoncturel. En 2013, un certain nombre de productions à gros budgets ont connu des mésaventures. Il y a donc eu un coup de froid sur l’état d’esprit des investisseurs. Il y a fort à parier que si vous avez une forte concentration de films à gros budgets une année, la saison d’après vous aurez un affaissement dans ce segment de la production. Nous sommes obligés de constater que l’investissement dans la production cinéma a baissé, même si nous sommes encore à des niveaux très élevés. Il y a 15 ans, la France produisait 130 films par an contre 240 aujourd’hui. 

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Pourquoi y’a-t-il une délocalisation accrue des moyens de postproduction ?

Thierry de SEGONZAC

Depuis un ou deux ans, c’est un phénomène qui a tendance à s’amplifier. L’explication réside essentiellement dans les incitations fiscales mises en place ces dernières années par la Belgique, et qui sont tout particulièrement bien ciblées pour les travaux de postproduction. La Belgique rembourse une partie des dépenses engagées sur le territoire. Les producteurs français confient davantage de prestations à l’étranger en 2013 (70% de celles-ci concernent la Belgique).

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Pourquoi les fictions TV se délocalisent peu ?

Thierry de SEGONZAC

Le mode de fabrication des fictions TV permet des économies d’échelles offrant davantage de facilité à localiser les productions. Sur une série de 12X52’ par exemple, il est extrêmement compliqué de mobiliser des comédiens français pendant 6 mois de tournage sur un territoire étranger. Au-delà de leurs occupations parallèles, le coût de transport et d’hébergement vont élever les budgets de la production. Ce qui explique, entre autres, pourquoi la production télévisuelle se délocalise peu.