La justice tunisienne a émis un avis de recherche visant le patron d’une des principales chaînes de télévision privées du pays, condamné lundi 8 mars à huit ans de prison pour détournement de fonds et qui a disparu, a indiqué le parquet vendredi dernier.
Sami Fehri a été condamné le 8 mars à huit ans de prison et 41 millions de dinars d’amende (12,5 millions d’euros) dans une affaire de détournement de fonds publics par sa société de production audiovisuelle Cactus Prod sous le régime de Zine el Abidine Ben Ali, renversé en 2011.
Les services de police n’ayant pas pu localiser M. Fehri pour faire exécuter le jugement et l’incarcérer, un avis de recherche national a été lancé. Des rumeurs circulent dans les médias et sur les réseaux sociaux concernant sa fuite à l’étranger, notamment vers Malte, à bord d’une petite embarcation privée.
«Il n’y a pour le moment aucun élément concret prouvant qu’il a fui à l’étranger», a indiqué Mohsen Dali, substitut du procureur général au tribunal de première instance de Tunis.
M. Fehri a déjà passé plusieurs mois en détention préventive dans le cadre de cette enquête, en 2013 puis fin 2019 lorsqu’il a été placé sous interdiction de quitter le territoire. Son associé à l’époque des faits reprochés, Belhassen Trabelsi, beau-frère du président déchu et actuellement sous contrôle judiciaire en France, a été condamné par contumace à dix ans de prison, a précisé M. Dali. Il a également écopé d’une amende de 41 millions de dinars.
Les deux hommes étaient poursuivis en tant que complices de Ben Ali, décédé en 2019, pour des préjudices financiers causés à la télévision nationale tunisienne.
Le clan du dictateur s’était accaparé des pans entiers de l’économie tunisienne, captant notamment 21% des bénéfices du secteur privé tunisien en 2010, selon la Banque mondiale.
Après la révolution de 2011, l’Etat tunisien a saisi les parts de M. Trabelsi – impliqué dans de nombreux dossiers de corruption et qui a fui le pays – dans Cactus Prod, soit 51% de la société.
La justice française a rejeté en janvier la demande d’extradition vers la Tunisie de M. Trabelsi, poursuivi dans ce pays pour blanchiment en bande organisée et faux documents administratifs, évoquant un «risque réel de traitement inhumain et dégradant».
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