Twitter s’envole en Bourse

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Le réseau social américain Twitter bondissait à Wall Street jeudi, la solidité de ses résultats trimestriels compensant la nouvelle baisse du nombre de ses abonnés due entre autres au grand ménage engagé par la plateforme pour se débarrasser des utilisateurs douteux. Le titre s’envolait de 17,05%, à 32,23 dollars vers 15h00 GMT à la Bourse de New York. Habitué aux brusques et larges revirements, il avait perdu 36% depuis les précédents résultats. Mais le groupe a, en mettant à part un important gain lié à la fiscalité, dégagé entre juillet et septembre un bénéfice net de 106 millions de dollars. Après avoir perdu de l’argent pendant plus de dix ans, Twitter confirme ainsi sa capacité à engranger des profits pour le 4T d’affilée. Surtout, point important aux yeux des observateurs, son c.a. a progressé bien plus qu’attendu, de 29% sur un an, pour atteindre 758 millions de dollars. Les revenus publicitaires, le principal gagne-pain du réseau, ont en particulier accéléré, «ce qui devrait améliorer la confiance dans la position à long terme de Twitter sur le marché des annonceurs», a souligné Brian Wieser, analyste pour Pivotal Research Group. L’un des critères scrutés par les analystes était pourtant décevant: le nombre d’utilisateurs actifs mensuels s’est élevé sur la période à 326 millions, soit 9 millions de moins qu’au trimestre précédent. Et ce chiffre devrait encore baisser au quatrième trimestre, a prévenu la direction. Mais le groupe assure que ce repli est lié à ses efforts pour rendre la plateforme plus «saine». «Plus nous nous concentrons sur la pertinence, plus nous voyons un impact positif sur les chiffres», a assuré le patron du groupe Jack Dorsey, lors d’une conférence téléphonique avec les analystes. Le réseau social tente en particulier de se défaire des utilisateurs qui tenteraient de se servir du site de microblog à des fins de propagande. Il a ainsi bloqué au cours des derniers mois des centaines de comptes manipulés depuis la Russie ou l’Iran pour mener des campagnes d’influence ou de désinformation. «Nous parvenons à mieux détecter et retirer les comptes qui relèvent de spams ou sont suspects dès l’inscription», a indiqué M. Dorsey. Comme Google et Facebook, Twitter a été accusé ces derniers mois d’inaction face à l’ingérence russe dans la présidentielle de 2016 ou aux tentatives de manipulation de l’opinion publique à l’approche des élections législatives américaines du 6 novembre. Le groupe avait prévenu que ces efforts allaient avoir un impact négatif sur le nombre d’utilisateurs mensuels à court terme, mais c’est «à long terme un facteur de croissance», a assuré le patron de la société. Twitter impute aussi la baisse des abonnés à l’entrée en vigueur en mai de la directive européenne sur la protection des données (RGDP). Le tassement est également dû, selon lui, à son refus de prendre en charge le coût des SMS pour les utilisateurs qui accèdent au réseau par ce biais. La tarification des SMS induit ainsi une baisse du nombre d’utilisateurs, qui ne souhaitent pas payer pour le service. Un problème technique ayant temporairement réduit le nombre de notifications envoyées a aussi joué, selon le réseau. Mais, a fait valoir le directeur financier Ned Segal lors de la conférence téléphonique, le nombre d’utilisateurs quotidien a lui progressé, de 9%, au 3T. Le groupe se targue notamment d’avoir, dans un effort pour séduire plus d’utilisateurs, permis aux abonnés d’utiliser plus facilement le réseau pour commenter les programmes télé ou les événements diffusés en direct.Pour l’analyste Brian Wieser, le repli du nombre d’utilisateurs mensuels n’affecte par ailleurs pas forcément la capacité du groupe à monétiser la base des «twittos». Les efforts effectués par l’entreprise pour éliminer les comptes non authentiques et rendre la plateforme plus saine, a-t-il remarqué, «améliorent la position de Twitter vis-à-vis des régulateurs et des annonceurs, qui considèrent que la base d’utilisateurs à une plus grande valeur quand elle est purgée».