Xavier Niel/ Patrick Drahi : bientôt rivaux dans les médias

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Après des parcours radicalement différents, l’autodidacte Xavier Niel (Free) et le polytechnicien Patrick Drahi (SFR), déjà rivaux dans les télécoms, le seront bientôt dans les médias, avec chacun un grand quotidien et un news magazine quand sera bouclée la vente de «l’Express».  Le groupe belge de médias Roularta a annoncé jeudi avoir «décidé d’entamer dès aujourd’hui des négociations exclusives» avec Patrick Drahi pour la cession de plusieurs titres, dont les magazines «L’Express» et «L’Expansion». Face à Xavier Niel, copropriétaire du «Monde» et de «L’Obs», Patrick Drahi pourra ainsi aligner «Libération», dont il est le financier, et «L’Express», 2ème news magazine français derrière «L’Obs». Cette nouvelle génération de milliardaires, issus des nouvelles technologies, remplacent peu à peu les industriels qui s’étaient offerts les grands journaux au XXe siècle pour accroître leur influence. Xavier Niel comme Patrick Drahi estiment tous deux qu’après la maîtrise des «tuyaux», ils doivent disposer de contenus. Xavier Niel, 47 ans, fondateur de l’opérateur télécoms Free, a commencé sa carrière à 16 ans en concevant des services pour le Minitel, notamment le Minitel rose. Il a ensuite acquis une petite société, qu’il rebaptise Iliad et qui deviendra la holding de son futur groupe télécoms. Deux ans plus tard, il lance le 1er fournisseur d’accès internet de l’Hexagone, WorldNet, qu’il revendra en 2000 pour 40 millions d’euros. Il lance en 1999 une offre d’accès internet, baptisée Free, puis la Freebox, une offre à bas coûts combinant internet haut débit, téléphone et télévision sur ADSL, qui bouleverse le marché. En janvier 2012, il lance Free dans la téléphonie mobile à des tarifs si bas que ses concurrents doivent à nouveau s’aligner. Le secteur en est durablement modifié. Iliad, dont Niel détient près de 64%, pèse aujourd’hui 11,9 milliards d’euros. Xavier Niel s’intéresse depuis quelques années aux médias. En 2010, avec Pierre Bergé et Mathieu Pigasse, il rachète «Le Monde», le journal français de référence, puis «L’Obs» (ex-«Nouvel Observateur»), 1er news magazine français. Le parcours de Patrick Drahi, 51 ans, est à l’opposé. Polytechnicien, virtuose des montages financiers, il a bâti ex-nihilo, à coups de rachats, un empire dans le câble et les télécoms en acquérant des sociétés de plus en plus grosses, dont Numéricable puis SFR pour 13,4 milliards d’euros, grâce à des emprunts géants. Son groupe, Altice, présent dans neuf pays, vient également de racheter Virgin Mobile et Portugal Telecom pour 7,4 milliards d’euros. En Israël, il a racheté le groupe Hot (chaînes de télévision et téléphonie mobile) et créé la chaîne d’infos i24 News. En France, il a racheté des petites chaînes thématiques comme Vivolta, Shorts TV, Kombat Sport et le groupe MCS. Il s’est ensuite tourné vers la presse en France: c’est lui qui, pendant l’été 2014, a renfloué le quotidien «Libération», proche de la faillite, en apportant 14 millions des 18 millions d’euros qui ont sauvé le journal.