Cinéma : le crédit d’impôt, une arme contre la délocalisation des tournages

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Le crédit d’impôt pour le financement des films, considéré parfois comme une niche fiscale, rapporte au final nettement plus que ce qu’il coûte à l’État, souligne une étude commandée par le CNC, qui y voit une arme contre la délocalisation des tournages. 

En 2013, l’État a accordé 15,6 millions d’euros de crédit d’impôts (réduction des taxes, voire versement de fonds) à des films étrangers tournés en France, selon cette étude réalisée par les cabinets Ernst and Young et Hamac Conseils et dévoilée mardi. Ces 14 films ont généré 110 millions euros de dépenses sur place, en location de matériel, paiement des techniciens, hébergement, etc. A leur tour, ces activités ont rapporté 41 millions de taxes à l’État. «Pour un euro de crédit d’impôt, on a donc 7 euros de dépenses en France et 2,7 euros de recettes fiscales», relève-t-on au Centre national du cinéma. Pour les films français tournés dans l’Hexagone, le crédit d’impôt s’est élevé à 42 millions en 2013, générant une activité économique qui a rapporté 129 millions de recettes fiscales. 

Ce système, mis en place en 2004 pour les films de cinéma, «a incité» les producteurs à relocaliser les tournages en France, ajoute le CNC. En 2003, 65% des jours de tournage des films français se déroulaient dans l’Hexagone. On est passé à 75% en 2013, selon l’étude. Car le secteur de la production cinématographique ne fait pas exception: la concurrence est mondiale. La plupart des pays cherchent à attirer les tournages de films ou de dessins animés via des crédits d’impôts, des allègements de charges ou de taxes locales. 

«Nous avons une bonne réputation auprès des Américains par exemple, en terme de savoir-faire, de variété de nos sites de tournage ou de qualité de notre animation. Mais ils sont pragmatiques et ils regardent aussi de très près les coûts», note le CNC. 

En Europe, les principaux concurrents de la France sont la Belgique – pour les films francophones- et la Grande- Bretagne -pour les anglophones -, qui se sont eux aussi dotés d’un arsenal incitatif. Il n’y a cependant pas d’«escalade fiscale» entre les Etats européens, selon le CNC, les gouvernements étant peu enclins à la générosité vu la situation des finances publiques. 

Pour réclamer le crédit d’impôts, étendu ces dernières années aux films télévisés et aux jeux vidéo, les productions doivent répondre à plusieurs conditions, liées au volume des dépenses et au nombre de jours de tournage en France. Attirer en France le tournage de films étrangers offre un bonus supplémentaire pour l’économie locale: séduire des spectateurs désireux ensuite de voir «en vrai» les lieux du film. Un bénéfice dont a profité à plein la Nouvelle-Zélande, dont les paysages somptueux filmés dans «Le seigneur des anneaux» ont entraîné un boum touristique.