Darius Rochebin, l’atout suisse de TF1

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A l’heure où le PAF mise plutôt sur la polémique pour doper ses audiences, son ton calme et courtois détonne: Darius Rochebin, ancien pilier du JT en Suisse, pose chaque soir sur LCI un regard curieux et distancié sur l’actualité, qui a ses adeptes. A 53 ans, celui qui a présenté pendant 20 ans les nouvelles du soir, puis les JT du week-end sur la RTS, a traversé le Jura pour animer la tranche 20H-21H sur LCI du lundi au jeudi, avec le grand entretien d’un invité «de 1er plan». Un nouveau départ pris afin de «travailler dans un très grand groupe» et pour «se concentrer sur l’interview», l’exercice journalistique qu’il préfère, explique-t-il. «Mener des interviews à cette heure-là de la journée, qui peuvent durer 30 voire 40’ comme je l’ai fait avec François Molins ou avec Robert Badinter, c’est une très grande chance». Côté audiences, si le nouveau venu ne permet pas à LCI de rattraper BFMTV ou CNews, il dope tout de même la tranche horaire (+76% par rapport à septembre 2019) avec 116.000 téléspectateurs en moyenne pendant ses 3 premières semaines. Au cours de sa carrière, il a interviewé de nombreuses personnalités, parmi lesquelles le Dalaï Lama, Greta Thunberg ou Vladimir Poutine: «Poutine, c’est le pouvoir pur, c’est très intéressant car vous êtes face à quelqu’un qui est entièrement maître de sa parole, encore plus qu’un dirigeant occidental qui doit compter avec son parti, sa coalition, sa communication…», raconte-t-il. Une notoriété qui lui permet de réaliser quelques «coups», comme la 1ère interview du cinéaste Roman Polanski en 2011 après son assignation à résidence en Suisse, ou celle fin 2019 de François Fillon, dont la parole était devenue rare après sa défaite au 1er tour de l’élection présidentielle. C’est grâce à cet entretien que TF1 le repère. Sa recette? «Travailler beaucoup, bien connaître la personne», répond celui qui visionne toutes les précédentes interviews de ses invités pour mieux les cerner. Mais aussi «être soi et poser les questions qui vous intéressent vraiment, c’est souvent le point de bascule dans une interview». «Que c’est agréable d’être interviewée par un journaliste qui travaille ses sujets, qui souhaite aller là où personne ne va, qui ne voit pas le doigt lorsque l’actu montre la lune», salue sur Twitter la journaliste Zineb El Rhazoui après son passage dans l’émission. Pour «Le Parisien», ses interviews sont «bienveillantes et pointues», quand «Libération» vante son style «limpide et didactique». Après des études de lettres, ce passionné d’histoire et de politique enseigne et écrit ses 1ères piges pour le «Journal de Genève». Né d’une mère suisse «d’un milieu très modeste» et d’un père iranien «très francophile», il change l’orthographe de son nom, Khoshbin, en Rochebin, pour la simplifier : «Dans l’un de mes premiers articles, il y avait une faute dans mon nom. Quand vous êtes jeune pigiste c’est un drame!», confie-t-il, précisant ne pas avoir de «complexe particulier» par rapport à ses origines. Le goût du journalisme lui vient très vite : «je m’identifie au métier, le journalisme, c’est le fait de toujours exercer son esprit critique, de suspendre son jugement, d’entretenir sa curiosité. C’est plus qu’un métier, c’est presque une idéologie», estime-t-il. Comment explique-t-il la touche Rochebin? «Je ne suis pas du tout donneur de leçons»; «je suis vraiment pluraliste, c’est une marque de fabrique suisse. J’ai toujours été intéressé par des gens qui ne sont pas de mon avis. J’ai pas mal de copains anti-mondialisation ou très libéraux, très loin de mes opinions qui sont plutôt modérées». Des atouts que TF1 compte mettre à profit pour la couverture de l’élection présidentielle, à laquelle il participera. En revanche, le directeur de l’information Thierry Thuillier a exclu mardi l’idée qu’il remplace Jean-Pierre Pernaut, le pilier du 13H qui en lâchera les rênes à la fin de l’année.