Alcatel/Nokia: fusion début 2016

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Deux poids lourds européens des télécoms, Alcatel-Lucent et Nokia, ont annoncé mercredi un accord permettant leur fusion dans une entité nommée Nokia basée en Finlande et détenue aux 2/3 par les actionnaires actuels du groupe finlandais. Cette annonce survient au lendemain de l’annonce des discussions entre les 2 équipementiers en télécommunications, jugée assez importante par Paris, pour que François Hollande reçoive le jour même les patrons des 2 groupes, Rajeev Suri et Michel Combes. 

Ce rapprochement doit faire naître un «grand champion européen, à la fois des équipements et des technologies sur le téléphone mobile et le fixe avec le meilleur de la technologie de Nokia et d’Alcatel», s’est félicité mardi le ministre de l’Economie Emmanuel Macron. Le futur ensemble né de cette offre publique d’échange (OPE) lancée au 1er semestre 2016 s’est fixé pour objectif de réaliser 900 millions d’euros d’économies sur ses coûts d’ici 2019. Le groupe espère aussi réduire ses frais financiers de 200 millions. L’objectif d’économies sur les coûts devra être atteint sans suppression d’emplois supplémentaires à l’issue des restructurations en cours dans le groupe français, qui compte près de 8.000 salariés en France et 53.000 dans le monde, contre environ 55.000 pour Nokia, affirment les 2 sociétés. Le patron d’Alcatel-Lucent, Michel Combes, a précisé sur BFM Business que le nouveau groupe avait pris l’engagement «d’augmenter les activités de R&D (recherche et développement) en France de 25%», en embauchant «500 chercheurs de plus» pour passer de 2.000 à 2.500 chercheurs dans l’Hexagone. «C’est la 1ère fois qu’Alcatel Lucent se remet à embaucher en R&D en France», a-t-il insisté, en ajoutant que «le pilotage des capacités d’innovation et de recherche au plan mondial pour le nouveau groupe sera fait depuis la France». La nouvelle entité s’engage aussi à «financer l’écosystème numérique français», avec un «fonds de financement des startups de 100 millions d’euros» et «de plus de 20 millions d’euros par an» dirigé vers le milieu académique, universitaire, et la mise en place de plateforme technologiques. Dans le cadre de cette OPE, Nokia offre 0,55 de ses propres actions pour chaque action Alcatel-Lucent, ce qui valorise le groupe français à 15,6 milliards d’euros, précisent les 2 entreprises dans un communiqué commun. Cette parité offre une prime de 28% aux actionnaires d’Alcatel par rapport au cours moyen de leur titre pendant les 3 derniers mois. Ces actionnaires conserveront un tiers du nouveau groupe qui sera dirigé par les actuels patrons de Nokia. A la Bourse de Paris, cette annonce a fait chuter le cours d’Alcatel-Lucent, qui plongeait de 8,90% à 4,08 euros peu avant 10h00.Nokia s’est fait connaître en devenant le numéro un mondial des téléphones portables à la fin des années 1990, avant d’être dépassé en 2012 par le sud-coréen Samsung. Il avait abandonné la partie dès l’année suivante, annonçant la cession de l’activité téléphones et tablettes au géant américain du logiciel Microsoft. Depuis la vente à Microsoft concrétisée en avril 2014, il a gardé dans ses coffres l’essentiel des 5,4 milliards d’euros qu’il en a tirés. Aujourd’hui, Nokia conçoit et fabrique des infrastructures de réseaux téléphoniques et internet. Cette opération lui permettrait de grandir face à son grand rival, le suédois Ericsson, et un autre concurrent qui cherche à percer en Occident, le chinois Huawei. La précédente fusion d’Alcatel, en 2006, avec l’américain Lucent a été un échec patent: le franco-américain n’a réalisé que des pertes annuelles depuis, à l’exception de 2011. Depuis 2013, Alcatel-Lucent, passé par de multiples restructurations, a commencé à se redresser grâce au plan «Shift», qui concentre ses forces sur l’IP (services liés à internet), le «cloud» (stockage informatique à distance) et l’ultra haut débit fixe et mobile.