Alors que les jeunes générations redéfinissent les codes de la lecture, Amazon s’impose comme un acteur incontournable de cette transformation. Clément Monjou, Directeur général Alexa France, revient sur l’essor des liseuses Kindle, l’impact des réseaux sociaux sur les prescriptions littéraires, et l’émergence de nouveaux genres comme la romantasy ou la dark romance. À travers une vision claire et des innovations concrètes, il défend une lecture plus fluide, immersive et déconnectée du tumulte numérique. Rencontre.
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Kindle semble aujourd’hui parfaitement s’adapter aux nouveaux comportements de lecture des jeunes générations, notamment marqués par la mobilité et l’instantanéité. C’était une volonté dès le départ ?
CLÉMENT MONJOU
Oui, tout-à-fait. C’est même fascinant d’observer cette évolution. Je me permets une rapide présentation : je suis aujourd’hui Directeur général d’Amazon Alexa France, mais j’ai commencé ma carrière chez Kindle il y a 12 ans. Depuis 15 ans, la liseuse a profondément transformé les pratiques de lecture. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est la dynamique actuelle autour des jeunes générations – Millennials, Gen Z… – peu importe comment on les appelle, ce sont eux qui représentent aujourd’hui le segment en plus forte croissance. 65% de nos acheteurs Kindle, sur les deux dernières années, sont des nouveaux utilisateurs. Il se passe quelque chose de profond, et notre mission est d’y répondre avec justesse.
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Comment Amazon s’est-il concrètement adapté à ces nouveaux usages ?
CLÉMENT MONJOU
Cela passe avant tout par l’évolution de notre offre. À l’automne dernier, nous avons lancé pour la première fois quatre nouveaux modèles de Kindle en même temps. Du modèle d’entrée de gamme ultra-compact (qui tient dans une poche) à la version Kindle Paperwhite, notre best-seller encore amélioré avec un écran à contraste renforcé, ainsi que le Kindle Scribe, un modèle hybride permettant aussi la prise de notes ou le dessin, jusqu’au Kindle Colorsoft, le premier modèle couleur. Et pour répondre à l’envie de personnalisation des jeunes, nous avons même lancé des coloris tendance comme le vert matcha. Ce n’est plus juste un objet technologique, c’est un objet désirable.
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Et cela sans avoir vraiment ciblé les jeunes au départ…
CLÉMENT MONJOU
Exactement ! Via les réseaux sociaux, notamment BookTok, une communauté s’est emparée du Kindle, presque comme d’un accessoire culte. Ils ont redécouvert un produit qui existait depuis longtemps – lancé en 2011 en France – mais qui correspond aujourd’hui parfaitement à leurs attentes: portabilité, immédiateté, immersion.
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47% des 15-30 ans ont déjà utilisé une liseuse. Comment Kindle compte-t-il amplifier encore cette adoption ?
CLÉMENT MONJOU
On agit sur plusieurs leviers. D’abord en rendant l’objet plus personnalisable, plus accessible. Ensuite, en accentuant des atouts clés comme la portabilité ou l’instantanéité. Par exemple, nous permettons de télécharger gratuitement un extrait avant d’acheter un livre. C’est très apprécié, notamment chez les jeunes, qui veulent s’assurer d’un bon choix. Nous avons aussi des modèles très abordables, pensés pour un public au budget plus restreint.
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Quel rôle Amazon peut-il jouer dans un univers littéraire désormais fortement influencé par les réseaux sociaux ?
CLÉMENT MONJOU
Notre rôle, c’est de faciliter l’accès à la lecture. Depuis le lancement du Kindle en 2007, l’idée était d’avoir «1.000 livres dans votre poche». Cela reste valable. Aujourd’hui, un jeune peut tomber sur un titre recommandé sur TikTok, chercher le hashtag BookTok, et en quelques secondes, le livre est sur sa liseuse ou son smartphone grâce à l’application Kindle. C’est cette passerelle fluide entre prescription sociale et accès immédiat à l’œuvre que nous voulons faciliter.
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Et côté contenus ? On observe l’essor de genres comme la romantasy ou la dark romance…
CLÉMENT MONJOU
Oui, ces genres explosent. Et notre plateforme Kindle Direct Publishing (KDP) a largement contribué à cela. Elle permet à n’importe quel auteur de s’autoéditer, en format numérique ou papier à la demande. Cela a ouvert la porte à des genres autrefois marginalisés par l’édition traditionnelle. Aujourd’hui, des autrices comme Jupiter Phaeton construisent un véritable écosystème autour de leur univers grâce à KDP. C’est extrêmement puissant.
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Kindle est donc aussi un tremplin vers la découverte littéraire…
CLÉMENT MONJOU
Exactement. Grâce à notre abonnement Kindle à 9,99€/mois, les lecteurs peuvent explorer librement de nouveaux genres, auteurs, styles. Et sans prise de risque. Cela encourage l’exploration, surtout pour des jeunes qui veulent découvrir tout en maîtrisant leur budget.
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Et côté formats, vous développez aussi une complémentarité avec Audible ?
CLÉMENT MONJOU
Oui, clairement. En France, nous avons intégré les livres audio directement sur Amazon.fr, aux côtés des versions papier et Kindle. Cela permet de comparer et de choisir selon son usage. Aux États-Unis, il existe déjà une fonctionnalité qui synchronise votre lecture entre texte et audio, mais même sans cela, on observe un usage très fluide entre les deux formats: fiction sur Kindle, développement personnel en audio, par exemple.
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On dit souvent que le papier reste roi. Comment Kindle s’inscrit-il dans cette coexistence ?
CLÉMENT MONJOU
Le papier a encore une énorme valeur sentimentale. Et justement, beaucoup de lecteurs nous disent : «J’ai lu le livre sur Kindle, je l’ai adoré, maintenant je veux l’objet dans ma bibliothèque». Les maisons d’édition ont bien compris cela : elles créent des éditions collector magnifiques, avec des jaspages artistiques, des finitions travaillées. Kindle n’est pas là pour remplacer, mais pour compléter. Et parfois pour protéger : combien d’entre nous n’osent pas emporter un beau livre à la plage ? Avec la liseuse, pas de panique. C’est une lecture nomade, sans stress.