Caroline SERVY, Directrice générale de l’agence The WIT

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Alors que le MIPTV bat son plein à Cannes, intéressons-nous aux formats TV émergents dans l’écosystème audiovisuel mondial. Pour en savoir davantage, média+ s’est entretenu Caroline SERVY, Directrice générale de l’agence The WIT. Elle revient sur plusieurs émissions marquantes. 

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Quel est le degré de création et de formats originaux dans le cadre de ce MIPTV ? 

Caroline SERVY

L’offre est importante. De nombreux producteurs tentent de créer les succès de demain. Mais les grilles des diffuseurs à l’international sont déjà bien remplies avec des programmes qui fonctionnent. Cette situation provoque une sorte de frein à l’innovation. Néanmoins, les concours de talents fonctionnent toujours autant. Après les succès de «The Voice» puis de «The Voice Kids», producteurs et diffuseurs s’intéressent spontanément aux concours de talent avec enfants. Talpa lance «Superkids», un format qui capitalise sur le talent des enfants. En France, nous avons vu qu’avec «Prodiges» (France 2), la musique classique pouvait séduire en Prime. Dans ce domaine, des shows «feel good» et qualitatifs circulent sur le marché et intéressent des diffuseurs publics en Europe. Notons par exemple le divertissement norvégien «When the Orchestra Came to Town» où un orchestre symphonique s’installe pendant cinq semaines dans une commune pour trouver les meilleurs musiciens et les coacher avant de donner un grand concert devant les habitants. Il y a aussi «The Orchestra of the Nation», un programme néerlandais où les jurés partent à la recherche de talents dans tout le pays dans le but de donner un véritable concert symphonique.

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Pas de rupture en matière de Hit Formats depuis «The Voice» ?

Caroline SERVY

Depuis le lancement de «The Voice» il y a quatre ans, il y a eu la tentative «Rising Star». Le format s’est beaucoup vendu mais n’a pas rencontré le succès escompté en matière d’audiences. Sortir un format mondial tous les 3 à 4 ans n’est déjà pas si mal. Contrairement aux producteurs, les diffuseurs ont beaucoup moins soif de nouveaux formats. Les chaînes rencontrent des succès à l’antenne même si certains formats s’érodent. «Big Brother» fonctionne toujours dans certains territoires, «Masterchef» n’a jamais aussi bien fonctionné au Royaume-Uni après 15 ans d’existence. Quant aux jeux, nous avons repéré deux formats sympathiques: «Babushka» et «Trade Up». «Babushka» est développé par TF1 Production et Armoza. L’idée étant de trouver l’argent caché parmi 10 poupées russes. Autre exemple avec «Trade Up», un jeu produit par Keshet où des candidats répondent à un quizz avant de devoir tourner la bonne clé d’une voiture qu’ils pourront remporter. Depuis quelques années, les jeux misent beaucoup plus sur la chance que la connaissance.

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Et quid des jeux d’aventure ? 

Caroline SERVY

Nous avons repéré des jeux en Prime que nous avons placé dans la tendance «I Will Survive». Ces formats sont des expériences de survie. Certains territoires recherchent le nouveau «Koh Lanta». Avec «Dropped», il y avait cette volonté de proposer une alternative. Parmi les nouvelles expériences de survie, il y a «The Raft» aux Etats-Unis sur National Geographic, une sorte de «Koh Lanta» sans île. 

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On évoque souvent la créativité des pays nordiques et israéliens. Est-ce toujours le cas ?

Caroline SERVY

Oui, nous avons été frappés de voir le retour en force de ces territoires à la fois plus créatifs et transgressifs : l’Angleterre, la Hollande et la Scandinavie. Ces pays se sont regroupés dans des entités comme Endemol, Shine ou même Zodiak. Quant aux israéliens, ils tentent de choses mais restent tout de même beaucoup moins transgressifs.