«Culture TV»: le petit écran à l’honneur au musée des Arts et Métiers

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Objet central dans les foyers, mode d’information, de divertissement ou de rassemblement autour d’événements mondiaux: le petit écran est au centre d’une exposition qui débute ce mardi au musée des Arts et Métiers à Paris, retraçant 80 ans de télévision française. «Culture TV», ouverte jusqu’en mars 2015, a pour ambition de «réunir toute la télévision», encore regardée en moyenne près de 3H50 par jour par les Français, explique l’historienne et sociologue des médias Isabelle Veyrat-Masson, l’une des 2 commissaires de l’exposition avec Monique Sauvage, toutes 2 coauteures d’une «Histoire de la télévision française». 

A travers le parcours proposé, la tv est représentée à la fois «en tant que technique, en tant que programme et contenu mais aussi en tant qu’usage», poursuit-elle. D’imposants postes de télévisions et caméras des différentes périodes, mais aussi plus de 250 extraits d’émissions issus des archives de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA) sont présentés, permettant de retrouver ou de découvrir des programmes cultes, de «Bonne nuit les petits» au «Schmilblick» en passant par «Lectures pour tous», «La boîte à sel» ou «Intervilles». Du son crépitant des prémices de la télévision à l’image pixelisée, l’exposition retrace l’évolution technique de ce mode de diffusion et des postes à travers 3 grands âges: la télévision mécanique des pionniers français René Barthélémy et écossais John Logie Baird dans les années 30, l’électronique, puis le numérique qui bouleverse la diffusion dans les années 2000. Des documents d’époque racontent aussi le fonctionnement de la télévision qui «a beaucoup parlé d’elle-même», souligne Monique Sauvage. La télévision, qui s’installe dans les foyers à partir des années 50 puis se généralise, est également exposée comme un outil d’information, de formation de l’opinion et d’ouverture sur le monde. Des reportages faisant découvrir les conditions de travail des mineurs en 1955, la famine au Biafra ou les manifestations de mai 68 en passant par les débats sur les grands sujets de société comme la peine de mort, l’avortement, la condition des femmes ou la guerre d’Algérie, «la télévision nous aide à nous forger nos représentations», analyse Monique Sauvage. 

En parallèle de cette fonction informative, l’exposition montre aussi l’évolution des différents programmes, qu’il s’agisse d’émissions jeunesse, de jeux, de fictions, de talk-shows, de téléréalité ou encore du sport, qui a permis les grandes évolutions techniques de la télévision, avec les 1ers directs dès 1948 pour l’arrivée du Tour de France ou les ralentis à partir de 1967. L’exposition permet aussi aux visiteurs de passer de l’autre côté de la caméra pour se tester face à un prompteur le temps d’une chronique météo, ou de retrouver des programmes de leur année de naissance. Des images de moments de «communion» comme le couronnement de la reine Elizabeth II d’Angleterre ou la chute du Mur de Berlin et d’autres de «sidération», comme l’assassinat du président Kennedy ou la catastrophe de Fukushima, sont par ailleurs projetées dans une salle pour revivre les grands événements auxquels des millions de téléspectateurs ont assisté. «On a voulu se poser la question de ce qu’est la télévision au moment où l’on parle de la fin de la télévision, pour savoir ce qui va disparaître ou pas», explique Isabelle Veyrat-Masson. Avec le développement d’Internet, qui offre de nouveaux moyens de la voir, «la manière de regarder la télévision va évoluer mais elle continuera d’exister», estime-t-elle.