Edwy PLENEL, Directeur et co-Fondateur de Médiapart

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Mediapart fête ses 5 ans. Comment analysez-vous sa croissance ?

Edwy PLENEL

Dès le départ, nous avions l’intuition que l’information de qualité avait un prix. Nous pensions également que le public était prêt à payer une information originale et pertinente. Du coup, depuis le lancement de Mediapart en 2008, il n’y a pas eu un jour sans que nous récupérions de nouveaux abonnés. Rentable depuis l’automne 2010, Mediapart poursuit sa croissance avec près de 65.000 abonnés, 1,6M de visiteurs uniques, 5,9M€ de chiffres d’affaires et 700.000€ de résultats net (contre 570.000€ en 2011).

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Quel regard portez-vous sur le secteur de la presse  ?

Edwy PLENEL

Cinq ans après notre création, l’indépendance et la liberté conquises par Mediapart sont encore fragiles. Je dis parfois que nous sommes des petits poissons qui nageons face à des gros requins dans une mer polluée. Le véritable enjeu serait de dépolluer la mer. C’est le sens des propositions que nous faisons – avec le syndicat de la presse indépendante d’information en ligne – aux pouvoirs publics. Pour dynamiser le secteur, il faut une réflexion novatrice qui ne refasse pas les erreurs du passé. La presse traditionnelle en France perd sans arrêt des lecteurs, reste la plus chère d’Europe et demeure la plus subventionnée par l’État. De plus, les actionnaires de la presse sont très souvent des industriels n’ayant rien à voir avec les métiers de l’information. Du coup, nous avons le système le plus vermoulu, le moins sain et le moins vertueux.

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A l’occasion des 5 ans de Mediapart, vous publiez un manifeste : «Le droit de savoir». Avec l’émergence des réseaux-sociaux, le droit de savoir est pourtant devenu une évidence…

Edwy PLENEL

Oui, mais il faut le défendre ! Le droit de savoir est un droit propre à chaque citoyen qui implique notamment la neutralité du numérique et son accessibilité. Le manifeste porte sur le rôle du journalisme en démocratie autour du droit d’accès aux informations d’intérêt public. C’est toute la démarche de Mediapart. 

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Comment imaginez-vous l’avenir de Médiapart à moyen terme ? Une déclinaison papier serait-elle envisageable ?

Edwy PLENEL

Pour proposer une déclinaison imprimée, il faudrait que l’écosystème de la presse papier se rénove profondément en coût d’impression et de distribution. Néanmoins, nous mettons en place un partenariat éditorial et financier avec le site internet espagnol payant «InfoLibre», accompagné également d’un mensuel imprimé appelé «TintaLibre». Si ce couplage web-papier fonctionne, peut-être que nous nous en inspirerons. Mais il est trop tôt pour le dire.