Enquête ouverte contre Eric Zemmour après des propos sur les migrants mineurs

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Le parquet de Paris a ouvert jeudi une enquête pour «provocation à la haine raciale» et «injures publiques à caractère raciste» au lendemain de propos du polémiste Eric Zemmour qui a qualifié les migrants mineurs de «voleurs», «assassins» et «violeurs» sur la chaîne Cnews. Cette nouvelle enquête contre le polémiste, une semaine après une condamnation à Paris pour les mêmes motifs, a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne, a précisé le parquet. Dans un débat animé par la journaliste Christine Kelly et dédié à la question des mineurs isolés après l’attentat devant les ex-locaux de «Charlie Hebdo», Eric Zemmour a déclaré mercredi soir : «Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent». «Encore une sortie abjecte et raciste d’Éric #Zemmour sur le plateau de @CNEWS», a dénoncé sur Twitter Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de la Diversité et de l’Egalité des chances. La ministre a ajouté avoir «échangé ce (jeudi) matin avec le président du Conseil supérieur de l’audiovisuel» et avoir demandé au Délégué interministériel à la lutte contre le racisme l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) de saisir le procureur. Ce dernier, Frédéric Potier, s’est dit, «stupéfait par les déclarations de M. Zemmour qui réitère des propos racistes et qui tendent à la généralisation». «Les responsabilités sont aussi partagées par la chaîne, ce n’est pas la première fois que Zemmour dérape, on ne le lâchera pas», a-t-il ajouté. Le CSA a indiqué que CNews ayant déjà été mise en demeure pour des faits similaires, les saisines relatives à la séquence de mercredi étaient transmises à un rapporteur indépendant. «Il appartient au rapporteur indépendant de décider d’engager des poursuites et, le cas échéant, d’instruire la procédure de sanction et de soumettre ses propositions au CSA. Le Conseil, après audition, se prononcera alors sur une éventuelle sanction», précise le régulateur. Le CSA transmet également les éléments en sa possession au procureur de la République, «au titre de l’article 40 du code de procédure pénale». Les associations SOS Racisme, la Licra et la Maison des Potes ont annoncé jeudi leur intention de porter plainte. La Maison des Potes dénonce dans un communiqué des propos qui «ciblent une communauté de migrants», qui doit «être protégée» comme «tout autre communauté». Le 25 septembre, le parquet de Paris a obtenu la condamnation de M. Zemmour à 10.000 euros d’amende pour injure et provocation à la haine, cette fois pour une diatribe sur l’islam et l’immigration lors d’un rassemblement politique un an plus tôt et diffusée en direct sur LCI. En octobre 2019, le polémiste a été embauché par CNews comme chroniqueur quotidien. «Son objectif, celui de ses soutiens et de son employeur est d’extrêmiser le débat et de faire passer pour des opinions acceptables des opinions naguère innommables», a déploré le président de SOS Racisme, Dominique Sopo. Il demande au CSA d’étudier «la responsabilité de CNews, chaîne qui, pour des raisons mercantiles et potentiellement idéologiques, a choisi de mettre à disposition d’un ultra raciste un espace quasi quotidien de déversement de haine». L’émission étant diffusée en différé, la responsabilité de la chaîne est engagée, a relevé un acteur du dossier. La Société des rédacteurs (SDR) de CNews a condamné ces propos «avec la plus grande fermeté» tout en exprimant son ras-le-bol d’être assimilée au polémiste, alors que les appels à boycotter la chaîne se multiplient. «Nous n’avons pas à payer pour les propos d’Éric Zemmour», a déploré la SDR.