Mardi a eu lieu au Sénat une table ronde sur les réformes de l’audiovisuel. Au cœur de cette réunion: la suppression de la publicité sur le service public. Pour en discuter, dirigeants de chaînes et responsables de syndicats professionnels pour évaluer les conséquences d’une telle mesure sur le paysage français. Parmi eux, Jacques Peskine, délégué général de l’Union Syndicale de la Production Audiovisuelle (USPA), que nous avions interrogé juste après l’annonce de Nicolas Sarkozy et qui espérait un débat national. Réactions…
média+ : Quelles étaient vos interrogations avant la table ronde ?
Jacques Peskine : L’interrogation principale pour nous était de savoir si cette reforme est finançable et possible ? Or elle ne l’est que si il y a une augmentation de la redevance (la redevance française est la troisième plus faible redevance européenne. Son montant n’a pas évolué depuis 2001 ndlr). C’est d’ailleurs ce qui est ressorti du débat.
média+ : Quelles réponses cette table ronde a t-elle apportées ?
Jacques Peskine : Le discours le plus intéressant n’a pas été celui des diffuseurs privés car ils ont cherché à minimiser l’impact financier de la réforme pour en tirer une meilleure compensation. Mais cela a été celui des annonceurs: ils ont affirmé que la disparition de la publicité sur les chaînes publiques serait un choc très violent. La réforme est une bonne idée si c’est l’occasion de financer correctement les chaînes publiques, par contre cela devient une mauvaise idée si c’est un moyen de réduire leur ressource. Il faut agir sur les ressources publiques sur la base d’une ressource légitime, pérenne et dynamique. Nous en avons une: c’est la redevance. Mais le débat n’est pas purement économique car entrent aussi en jeu le développement et l’ambition de la télévision publique. Et sur ce plan là nous sommes encore loin du compte.
média+ : Que pensez-vous des positions des différents directeurs de chaînes, qu’elles soient privées ou publiques ?
Jacques Peskine : Sur la question de la compensation, les chaînes privées cherchent à minimiser l’impact. Leur intérêt serait d’avoir une télévision publique faible. Ce n’est pas notre position. Quant aux dirigeants du service public, on ne sait pas si ils défendent leur direction ou la télévision publique en général. Nous sommes solidaires des dirigeants de chaînes publiques en ce sens que nous voulons comme eux, qu’elles se développent.
média+ : Serez-vous présent lors des prochaines réunions ?
Jacques Peskine : Si on nous le demande. Je pense que nous avons une légitimité à donner un point de vue de la part de producteurs et des créateurs que nous représentons. Nous avons une légitimité d’expression à la fois sur le rôle de la télévision publique, et bien sûr, sur les rapports entre la télévision et la production.