Entretien avec Laurent STORCH

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MEDIA +
Vous investissez de nouveaux secteurs de l’industrie du divertissement, comme celui de la danse avec «Dancing with the stars». Pourquoi ce format au succès international n’a-t-il pas été diffusé plus tôt sur votre antenne ?
LAURENT STORCH
Ce qui a motivé notre volonté de mettre à l’antenne «Danse avec les Stars», c’est le succès international, et non plus seulement américain, du format. «Dancing with the Star» doit aujourd’hui être leader dans près de 30 pays ! Du coup, les célébrités que nous avons contactées ont réagi très favorablement au programme. Ce qui nous a également plu, c’est l’idée d’un format prônant l’effort, le travail et les enjeux artistiques, sans oublier la dimension festive liée à la danse. Croyez-moi, notre émission sera à la hauteur de la version anglaise et américaine !
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«Proximité, émotion et humour», s’agit-il toujours des maîtres mots de TF1 pour 2011 ?
LAURENT STORCH
Pas tout-à-fait car en 18 mois, les Français ont évolué. L’humour sera ainsi cette année beaucoup plus présent. D’autre part, nous souhaitons relancer les grands shows TV, avec une dimension grand spectacle et glamour. Le succès des «NRJ Music Awards» est le témoignage de cette envie des téléspectateurs. Quant à la notion de proximité, elle est bel et bien acquise. L’un de mes chevaux de bataille était de tourner des fictions françaises en province. A l’heure actuelle, «Doc Martin» est tourné en Bretagne, «Interpol» à Lyon et «Les Toqués» dans le Sud Est. Nous pouvons même dorénavant revenir à des tournages à Paris.
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Dans un contexte de grande concurrence, quelle est votre stratégie de programmation afin de révéler de nouveaux programmes ?
LAURENT STORCH
Tout d’abord, nous avons besoin de rendez-vous. Il sera en effet difficile de faire émerger de nouveaux programmes s’ils ne sont produits qu’en unitaires. Nous veillons donc à sélectionner des formats récurrents, tel que «Masterchef», dont nous proposerons une deuxième saison. Quant aux programmes unitaires, ils doivent avoir une dimension très événementielle. Nous sommes ainsi ravis de diffuser annuellement «Les Enfoirés». Enfin, pour imposer aujourd’hui des nouveautés, il faut avoir un concept et une mécanique extrêmement solides.
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Percevez-vous une pénurie des formats internationaux ?
LAURENT STORCH
Aujourd’hui, toutes les chaînes du monde font le constat d’une pénurie de formats. Paradoxalement, je m’en réjouis car cela nous laisse libre court pour en inventer. Cela nous a ainsi permis, par exemple, de réaliser une percée en fiction française. C’est donc un mal pour un bien ! En parallèle, nous travaillons à la création de jeux originaux. Pour cela, nous dégageons des fonds de recherche et développement, avec une politique de pilote ambitieuse.
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Vous avez déclaré «2011 sera l’année des saisons 2». Est-ce une priorité de  capitaliser sur ces 1ers succès ?
LAURENT STORCH
Lorsque nous imposons une nouveauté à l’antenne, il faut ensuite la pérenniser. En l’occurrence, le jeu «Les Douze coups de midi» est une grande satisfaction. Nous l’avons lancé au mois d’août, il s’est imposé timidement et nous sommes aujourd’hui largement leader. Au final, il nous aura fallu 6 à 7 mois de travail et de réajustements. Autre exemple, lorsque nous avons programmé le retour du «Juste Prix» en Access il y a 18 mois, la réapparition de Vincent Lagaf’ a été couronnée de succès. Ma crainte était que cela ne dure qu’un temps. Or, le format et le talent de Vincent Lagaf résistent et nous permettent de fédérer plus de 5 millions de téléspectateurs.
MEDIA +
Après avoir proposé des shows tels que ceux de Gad Elmaleh ou Laurent Gerra, allez-vous poursuivre cette politique de spectacle en direct ?
LAURENT STORCH
Proposer des shows en live couronne notre politique d’événements. Nous  allons donc poursuivre la diffusion de quelques spectacles. Les Français sont assez friands de shows le samedi soir.
MEDIA +
La narration feuilletonante est un nouvel axe d’écriture pour vos programmes de flux. Dans quelle mesure et avec quels programmes allez-vous mettre en place cette narration ?
LAURENT STORCH
Aujourd’hui, le «feuilletonnement» est très prisé des téléspectateurs qui ont envie de s’attacher à des personnages. Le succès des «Douze coups de midi» s’explique notamment par le fait que le public peut s’attacher à un champion qui poursuit l’aventure sur plusieurs semaines. Nous demandons d’ailleurs aux producteurs de réfléchir à des mécaniques très fidélisantes.
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«Qui veut épouser mon fils ?» a été un véritable phénomène à l’antenne et sur le web. Le programme va-t-il revenir l’année prochaine ?
LAURENT STORCH
Nous travaillons en effet sur une deuxième saison de «Qui veut épouser mon fils ?». Nous ne la proposerons en revanche que si le casting est au rendez-vous.
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Quelle téléréalité préparez-vous pour le Printemps prochain ?
LAURENT STORCH
«Familles d’explorateurs», présenté par Denis Brogniart, fera son apparition dans les mois à venir. Nous sommes actuellement en montage. Il s’agit d’un format original créé par ALP.
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La 2ème saison du «Plus Grand Quiz de France» n’atteint pas l’audience escomptée. Peut-on expliquer cette situation par le seul contexte concurrentiel du vendredi soir ?
LAURENT STORCH
Je pense que oui ! La 1ère édition du «Plus Grand Quiz de France» était leader et offrait une résistance très correcte à la concurrence. Nous avons assurément bénéficié de l’effet de surprise. Pour la 2nde saison, nous ne sommes pas parvenus à accentuer l’attractivité sur les sélections où l’audience a stagné. En revanche elle a décollé vendredi dernier. Nous n’avons pas dit notre dernier mot !
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«Qui veut gagner des millions?» repose sur une mécanique extrêmement efficace. Néanmoins, le jeu s’essouffle après 10 ans d’antenne. Comptez-vous le diffuser à titre événementiel ?
LAURENT STORCH
Tout-à-fait ! «Qui veut gagner des millions ?» sera diffusé à titre événementiel notamment pour des causes caritatives.
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Le télé-crochet musical n’a plus sa place sur TF1 après l’arrêt de la «Star Ac’». Avec l’arrivée de «X-Factor» sur M6, cela vous donne t-il envie de rempiler pour des émissions à caractère live et musicale ?
LAURENT STORCH
De notre côté, les programmes de variétés ont repris du poil de la bête avec «Le grand show des enfants» présenté en direct par Liane Foly, «Les 500 choristes», «Les NRJ Music Awards» ou encore «Génération 90», tous présentés par Nikos Aliagas. Nous avons gagné entre 10 et 15% d’audience sur tous ces programmes. Cela est très encourageant. Sans parler de «Danse avec les stars» qui est un programme en direct, très musical.
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Avec «Sosie or not Sosie», cela faisait longtemps que TF1 n’avait pas lancé de nouvel animateur…
LAURENT STORCH
Vincent Cerutti vient de rejoindre TF1 avec succès, et l’un de nos objectifs est de faire découvrir de nouveaux visages chaque année. Par ailleurs, nous allons reconduire «Sosie or not Sosie» car je trouve cette formule de caméras cachées humoristiques très efficace.
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Concernant la fiction française, a-t-elle trouvé son rythme de croisière ?
LAURENT STORCH
La vitesse de croisière à été trouvée sur la case du lundi. Par ailleurs, nous travaillons sur des pilotes de héros de fictions policières pour la case du jeudi. «Section de recherches», «R.I.S.» ou encore «Profilage» fonctionnent bien, et «Interpol» devrait s’installer avec de nouveaux épisodes.

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Lorsque «Rendez-vous en Terre Inconnue» (France 2) caracole en tête des audiences alors qu’«Ushuaia Nature» (TF1) génère beaucoup moins de public, comment l’expliquez-vous ?
LAURENT STORCH
On ne peut pas comparer «Usuhaïa Nature» qui existe depuis 20 ans, qui a ouvert toute une génération à la réflexion sur l’évolution de notre planète, et «Rendez-vous en terre inconnue» qui mixe évasion et «people». Ce qui n’enlève rien au succès de ce magazine.
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Conservez-vous la même ligne éditoriale concernant les long-métrages ?
LAURENT STORCH
La case du film du dimanche soir est une institution et sa ligne éditoriale très stable. Nous recherchons des films familiaux, d’aventure et des comédies. Depuis deux ans, nous avons résolument augmenté l’audience de la case du dimanche soir, grâce à cette offre très diversifiée, composée à 80% d’inédits.
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De nombreux animateurs de TF1 ont fait connaître, par le biais de la presse, leur envie de changer de style d’émissions. A ce titre, Nikos déclare vouloir faire du talk-show, Christophe Dechavanne a une envie de débat TV… Prenez-vous en compte leur désir ?
LAURENT STORCH
Je rencontre très régulièrement nos animateurs, et nous évoquons bien entendu tous ces sujets. Mais il faut être prudent, car les téléspectateurs aiment avant tout retrouver leurs animateurs dans le registre qu’ils incarnent déjà. Ce qui n’a pas empêché Jean-Luc Reichmann de jouer «Victor Sauvage», ou Vincent Lagaf’ d’avoir un projet de fiction…