Fleur Pellerin à la rencontre des patrons des studios d’Hollywood

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© Marlene Awaad; Paris, France le 24 juin 2013 - Assises europeennes des PME au ministere de l economie. En presence de Fleur PELLERIN, ministre deleguee chargee des PME.

La ministre française de la Culture Fleur Pellerin rencontre cette semaine les patrons des studios d’Hollywood pour tenter de les convaincre de tourner en France leurs grosses productions, grâce à la hausse du crédit d’impôt sur les films étrangers. Entre les Etats-Unis, le Canada, la Belgique, le Luxembourg, l’Europe de l’Est et la France et d’autres, la bataille fait rage pour attirer les très lucratifs films à gros budget. «Les enjeux financiers sont considérables. Nous considérons que l’effet de levier est de un à trois. Pour un euro dépensé sur un tournage, il y a trois euros de cotisations sociales, TVA, etc. Mais au-delà, montrer des images tournées en France va donner envie à des gens de venir voir ces paysages, et ça a un impact sur l’économie locale», a expliqué Mme Pellerin lors d’un entretien. Le crédit d’impôt cinéma international est depuis le 1er janvier passé de 20 à 30% et il est désormais accessible pour productions de plus de 4 millions de dollars. «On avait des crédits d’impôts intéressants pour des productions moyennes, je voudrais maintenant pouvoir attirer des tournages avec des budgets de 80 à 100 millions de dollars. Je viens de rencontrer (le studio) Lionsgate qui m’a dit que le rehaussement du crédit d’impôt était très intéressant», assure la ministre. «On est au-dessus de Londres qui est à 25% (de crédit d’impôt), même si le niveau des dépenses éligibles n’est pas tout à fait le même, et on est plus compétitifs que la Belgique, que le Luxembourg,…», énumère-t-elle. Certains pays de l’Est comme la Hongrie font mieux en ne posant aucun plafond de crédit d’impôt. Celui de la France est à 30 millions d’euros. Paris espère enrayer une tendance inquiétante: si la production de longs-métrages français a atteint un record l’an dernier (189), elle s’est accompagnée d’un exode de 36% des tournages, particulièrement des gros budgets. L’effet du relèvement du crédit d’impôt «se fait déjà sentir. Certains réalisateurs devaient tourner à l’étranger et vont le faire en France.
Chez les studios américains, il y a des décisions de tournages qui vont se prendre et pourraient maintenant se faire en France», poursuit la ministre.Cette année le metteur en scène vedette Christopher Nolan («The Dark Knight», «Interstellar», etc.) doit réaliser son épopée sur la seconde guerre mondiale «Dunkirk» en partie dans le Nord de la France. D’après le magazine «Variety» Neil Jordan va tourner la série criminelle «Riviera» sur la Côte d’Azur. Quant à Luc Besson, qui menaçait de tourner sa prochaine super-production «Valérian et la cité des mille planètes» à l’étranger, il a depuis fait machine arrière grâce à une hausse du crédit d’impôt cinéma sur les films français. La bataille pour la manne des tournages est féroce au sein même des Etats-Unis. L’an dernier la Californie avait dopé ses incitations fiscales pour que Los Angeles puisse regagner des tournages, en chute depuis 20 ans, face à la concurrence internationale mais aussi celle de la Georgie, la Louisiane, le Nouveau Mexique, New York, etc. Pourtant, malgré les cadeaux fiscaux, les tournages ont globalement stagné dans la Cité des anges l’an dernier. Fleur Pellerin va aussi s’entretenir cette semaine avec les géants du «streaming», Netflix et Amazon, qu’elle assimile à des studios. Par ailleurs, la ministre veut «développer tout l’écosystème de la série télé» et va rencontrer des enseignants des universités UCLA et USC. La route est encore longue pour rattraper les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les pays nordiques entre autres dans la production télévisuelle: les ventes de séries françaises à l’exportation représentent 153 millions d’euros dans le monde, dont 21,6 millions aux Etats-Unis, un marché qui pèse à lui seul un milliard de dollars.