France 2/ «Complément d’enquête» sur Bolloré: France Télévisions rejugé mardi sur le volet civil

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La cour d’appel de Versailles doit se pencher mardi sur le volet civil d’une affaire de diffamation concernant Vincent Bolloré. En première instance, l’auteur d’un «Complément d’enquête» et France Télévisions avaient été relaxés au plan pénal. En juin dernier, le magnat français, ainsi que Bolloré SA et Bolloré Africa Logistics, n’avaient pu obtenir la condamnation pénale du journaliste Tristan Waleckx et du groupe télévisuel, mais avaient dit leur intention de faire appel sur intérêts civils.

Chaque partie civile réclame 150.000 euros de dommages et intérêts pour le préjudice d’image, a précisé leur avocat Olivier Baratelli.En cause, un reportage diffusé en 2016 sur France 2, intitulé «Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien?», couronné du prix Albert-Londres. Le journaliste y retraçait le parcours de l’industriel, de la reprise de la fabrique familiale de papier à cigarettes OCB en Bretagne à la construction de son empire, en passant par la reprise en main de Canal+ et sa présence en Afrique.

Dans le documentaire étaient notamment mises en cause plusieurs séquences consacrées aux activités de la Socapalm, société qui produit de l’huile de palme au Cameroun et dont M. Bolloré est actionnaire. Le tribunal correctionnel de Nanterre a jugé que dans huit passages de ce portrait-enquête, aucun des propos incriminés n’était «constitutif d’une infraction». Et dans un neuvième passage qui évoquait l’éventualité de «passe-droits» octroyés au groupe Bolloré dans un appel d’offres au Cameroun, même si cette «insinuation (…) peut paraître excessive», elle n’avait été utilisée qu’en «plein exercice de la liberté d’expression du journaliste».

Évoquant une condamnation récente de Mediapart pour diffamation, Me Baratelli a estimé que «les lignes bougent» désormais et que l’on commence «à admettre que des médias vont parfois trop loin». Tristan Waleckx a souligné pour sa part que les parties civiles avaient déjà été déboutées «à plusieurs reprises» dans l’affaire qui le concerne et qu’il n’avait «aucun doute sur le fait que le sérieux et la rigueur absolue» du reportage seraient «une nouvelle fois reconnus».

L’avocate de France Télévisions Juliette Félix a souhaité de son côté «que la cour d’appel mette un terme à cette série de procédures-bâillons». Fin janvier, le groupe Bolloré a demandé en appel la tenue d’un nouveau procès contre France Télévisions devant le tribunal de commerce de Paris, procédure dans laquelle il réclame 50 millions d’euros pour «dénigrement». La décision est attendue le 27 mars. Une troisième procédure est parallèlement en cours au Cameroun, toujours autour de ce reportage.