Hong Kong s’apprête à ouvrir le marché des cryptomonnaies aux investisseurs particuliers

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Les investisseurs particuliers pourront bientôt échanger des cryptomonnaies sur des plateformes agréées à Hong Kong, en vertu d’un nouveau cadre réglementaire visant à rétablir la réputation de cette place financière chinoise. Les faillites spectaculaires, cet hiver, de la plateforme d’échange de cryptomonnaie FTX et de plusieurs banques américaines tournées vers ce secteur n’ont pas dissuadé les autorités hongkongaises d’assouplir leur réglementation en la matière. Alors que Hong Kong restreignait jusqu’à présent les échanges de cryptomonnaies aux clients dont les portefeuilles pesaient au moins 8 millions de dollars hongkongais (950.000 euros), le régime d’autorisation s’apprête à changer. A compter du 1er juin, un nouveau dispositif réglementaire entrera en vigueur. Il élargira l’autorisation aux investisseurs particuliers de Hong Kong, permettant à bien plus d’habitants ordinaires d’investir dans les cryptomonnaies et les actifs virtuels. Jusqu’à présent, ils se trouvaient réduits à quelques plateformes d’échanges opérant à l’étranger, telles que Binance ou Coinbainse, ou à des points de vente physique qui proposaient d’acheter et de vendre des jetons contre de l’argent liquide. Avec cette nouvelle réglementation, les autorités espèrent relancer l’économie du hub financier asiatique, récemment ébranlée par les manifestations pro-démocratie massives de 2019 et les restrictions sanitaires liées à la pandémie de Covid-19. Surtout, les observateurs estiment que Hong Kong deviendra un point de passage obligé pour les investisseurs de Chine continentale, où les cryptomonnaies sont pratiquement interdites. En assouplissant les règles liées à ce marché, les régulateurs espèrent également attirer les entreprises, mais ont toutefois assuré que des mesures de protection seront instaurées. «Il y a une reconnaissance explicite du fait que ces produits font de plus en plus partie de notre économie», souligne Giuliano Castelleno, professeur de droit à l’Université de Hong Kong. Ce nouveau cadre réglementaire hongkongais est adopté à un moment où tous les régulateurs dans le monde tentent d’encadrer le marché des cyptomonnaies, dont la capitalisation boursière totale dépasse les 1.000 milliards de dollars (931 milliards d’euros). Début avril, le Parlement européen a adopté de nouvelles règles pour les cryptomonnaies. Dans la foulée, l’organisation internationale des régulateurs boursiers (OICV) a publié fin mai une série de propositions en vue d’établir un cadre réglementaire harmonisé pour l’échange des cryptomonnaies. A rebours des évolutions mondiales en matière de réglementation, la Chine, elle, continue d’interdire toute transaction en cryptomonnaie depuis 2021. En se démarquant ainsi de la Chine, Hong Kong revêt un intérêt particulier pour les entreprises et investisseurs chinois en cryptomonnaies, selon Leo Weese, cofondateur de l’Association Bitcoin de Hong Kong. Les plateformes d’échange de cryptomonnaies, Huobi et OKX, toutes deux fondées en Chine, ont déjà annoncé leur intention de demander une licence auprès des régulateurs de Hong Kong. Si la position de Pékin reste inchangée, de hauts responsables économiques chinois ont publiquement soutenu le virage opéré à Hong Kong. «La Chine dit, «Ecoutez, si cela arrive à Hong Kong, où la population est d’environ sept à huit millions d’habitants, c’est très bien. Nous pouvons nous en servir comme une boîte de Petri»» (objet utilisé en laboratoire), analyse Kristi Swartz, avocate spécialisée dans la fintech.