Julia ESPERANCE, Consulante Médias et Eurodata TV Worldwide

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Quels sont les divers enseignements mis en exergue par Médiamétrie et Eurodata TV Worldwide dans le cadre de leur présentation des Tendances TV Internationales de la saison 2013-2014 ? Réponse avec Julia ESPERANCE, Consultante Médias à Eurodata TV Worldwide

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Quels sont les nouveaux formats télévisuels en vogue dans le monde ?

Julia ESPERANCE

Pour cette nouvelle saison télévisuelle, nous avons observé un fort écho entre les tendances sociétales et télévisuelles. Les évolutions technologiques, économiques et sociales façonnent et impactent la narration ainsi que la consommation des contenus TV. Concrètement, les programmes reflètent non seulement un attachement fort au patrimoine local, mais aussi à un besoin d’ouverture sur le monde. Nous assistons à un éloge de la culture populaire. A titre d’exemple, en matière de séries tv, nous avons constaté une augmentation du nombre d’adaptations de romans et de films cultes. La série américaine «Agents of S.H.I.E.L.D.» vendue dans 150 territoires est basée sur le film «Avengers», lui-même adapté des comics Marvel. Sur Antena 3 en Espagne, «The Time in Between» est une série historique adaptée d’un roman, et qui a doublé la part d’audience de la chaîne. En Belgique du Nord, la série «Eigen Kweek» met en scène une famille de fermiers contraints de se lancer dans la culture du cannabis pour joindre les deux bouts. La comédie a enregistré des audiences croissantes au fil des épisodes, gagnant près de 17 points pendant sa diffusion.

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Pourquoi la télévision n’échappe pas à l’ère du «made in local» ?

Julia ESPERANCE

«Le made in local» raisonne avec une certaine culture qui s’exporte. On parle souvent des Etats-Unis comme d’un pays prédominant sur le marché de l’exportation, mais son importance se trouve contrebalancée par des pays créatifs et émergents. C’est le cas d’Israël, de la Turquie, des pays scandinaves, mais aussi la France. Dernier exemple en date, la série de Canal+, «Hard», sera adaptée prochainement aux Etats-Unis et en Amérique du Sud.

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Comment le «connecté» et le «virtuel» impactent-ils les formats TV ?

Julia ESPERANCE

L’émergence des objets connectés, des équipements numériques et des réseaux sociaux façonnent les programmes et modifient leur storytelling. Nous observons de plus en plus d’infographies et d’effets spéciaux au sein des documentaires pour leur donner un côté beaucoup plus attrayant, ludique et visuel. Vous avez aussi des séries dites participatives. En France, «What Ze Teuf» (D8) est la 1ère série TV produite du jour pour le lendemain avec des téléspectateurs qui peuvent envoyer leurs idées via les réseaux sociaux. Même chose au Danemark avec la sitcom «Sjit Happens».

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En Norvège, la chaîne publique NRK2 diffuse pendant 19 heures un concours de tricot. Quel est l’intérêt de ce genre de programme ?

Julia ESPERANCE

C’est ce que l’on appelle la «slow tv», une tendance très locale. Avant ça, la chaîne norvégienne NRK1 avait déjà fait 8 heures de feu de cheminée. L’intérêt est de ralentir la cadence pour offrir une alternative à une télévision où tout va très vite. Les audiences sont impressionnantes.