L. BLOCH (France Inter) : «France Inter doit être une référence et un repère de stabilité»

513

Sans révolutionner la grille des programmes qui, saison après saison, démontre son succès, la rentrée de France Inter est caractérisée par des inflexions fortes nées des leçons de ce printemps hors normes, pendant la crise sanitaire. En quoi la situation actuelle impacte-t-elle la grille ? Réponse avec Laurence BLOCH, Directrice de France Inter, qui nous détaille les grandes lignes de son ambition.

MEDIA +

Vous avez fait de France Inter, la radio la plus écoutée dans l’Hexagone. Quel est votre secret ?

LAURENCE BLOCH

Mon objectif est de réunir le plus d’auditeurs possible à l’écoute des meilleurs programmes. Cette vision a hissé la radio au premier rang, ce qui me rend très optimiste pour l’état de la société française. France Inter doit conserver ses fondamentaux. Son succès repose sur une alchimie entre plusieurs éléments. D’abord, une information extrêmement documentée et vérifiée dans laquelle les auditeurs ont confiance. Nous avons également une grande liberté d’expression avec l’humour. Enfin, nous sommes une radio éclectique, curieuse, dans son époque, où les gens travaillent énormément. France Inter cultive la différence. Par ailleurs, nous avons développé depuis trois ans – grâce à Yann Chouquet, le directeur des programmes – une vraie politique pour renouveler le public.

MEDIA +

Comment avez-vous mené cette politique ?

LAURENCE BLOCH

Nous avons lancé une offre de podcasts natifs dans le but de conquérir de nouveaux publics. A cet égard, «Une histoire et… Oli» et «Les Odyssées», deux séries originales de podcasts, ont été téléchargées plus de 20 millions de fois. Il était donc très important de faire de nouvelles propositions sur les réseaux sociaux pour capter un public qui – a priori – n’écoute plus la radio à la radio, mais qui consomme des programmes sur les réseaux sociaux, issus de médias classiques ou non. Le deuxième pan de la politique que nous allons mener, consiste à pousser sur les réseaux sociaux, les programmes fabriqués à la radio, pour qu’ils rencontrent de nouveaux auditeurs. Les contenus sont ainsi réédités pour Facebook, Twitter, Snapchat ou encore Instagram.

MEDIA +

Au-delà de la qualité éditoriale de votre radio, France Inter a-t-elle bénéficié de l’affaiblissement de certaines généralistes ?

LAURENCE BLOCH

Certainement ! D’ailleurs, les radios dites «concurrentes» comme RTL et Europe 1 ont davantage fait évoluer leurs programmes comparé à nous. Si Europe 1 se porte mieux, je serai très contente. La France a tout intérêt à ce que les trois radios, France Inter, RTL et Europe 1, se portent bien.

MEDIA +

Vous initiez une rentrée «pas tout à fait comme les autres». Pourquoi ?

LAURENCE BLOCH

Durant le confinement, nous avons essayé de nous adapter aux besoins des auditeurs, tout en respectant la santé des salariés. Entre mars et juillet, nous avons eu 4 grilles différentes. Les auditeurs ont été des partenaires formidables pendant cette crise. Ils nous ont adressés plus de 8.000 courriels et 300 messages par jour sur le répondeur pendant trois mois. Pour cette rentrée, France Inter doit être une référence et un repère de stabilité. Les auditeurs ont retrouvé les rendez-vous et les voix auxquels ils sont habitués. Nous les accompagnons dans leur vie, tout en leur proposant d’autres choses qu’un discours sur le coronavirus. Nous leur suggérons par exemple de lire, de retourner au cinéma, de réécouter de la musique et de rire. A cet égard, je salue «La Bande originale» qui a renouvelé son équipe en y ajoutant deux nouveaux talents : Maïa Mazaurette et Morgane Cadignan. L’humour est une force en ces temps de pandémie. L’émission quotidienne «Par Jupiter» a conservé la déclinaison «Par Jupiclasse» le mercredi où elle accueille désormais Aldebert. France Inter continue d’être au service des auditeurs en leur proposant du rire.MEDIA +

Et vous proposez de la matière à penser dans le nouveau 13/14 ?

LAURENCE BLOCH

Nous avons en effet créé une nouvelle tranche d’info avec le journal de 13h, de la matière à penser mais aussi de l’interactivité. Jean Lebrun propose une chronique quotidienne dans laquelle l’histoire éclaire l’actualité. Cette expertise d’historien, il l’exerce aussi tous les samedis à 18h15 dans une toute nouvelle émission intitulée «Intelligence service» destinée à dresser le portrait de celles et ceux dont la pensée compte ou a compté dans le débat public.

MEDIA +

Quelle dimension voulez-vous donner à votre matinale «Le 7/9» ?

LAURENCE BLOCH

La force de la matinale, c’est d’abord la puissance des deux intervieweurs: Léa Salamé et Nicolas Demorand. Parmi les inflexions envisagées, nous souhaitons inviter de plus en plus d’intellectuels, d’artistes et de membres de la société civile qui, à leur façon, tentent de changer le monde. Il faut que cet éclectisme reste aussi puissant qu’il l’est aujourd’hui.

MEDIA +

France Inter est la 1ère radio numérique avec 1.400.000 auditeurs quotidiens et la plus podcastée avec 50 millions d’écoutes à la demande. Quelle est la prochaine étape ?

LAURENCE BLOCH

Continuer à investir les podcasts natifs pour attirer un nouveau public. Nous lançons deux nouvelles collections à destination des enfants : «Bestioles», série de croquis sonores signée de Denis Cheissoux, et «Olma», podcast hebdomadaire où l’imaginaire et la fiction seront le trait d’union entre les enfants et la science. Nous voulons convaincre les jeunes parents que France Inter, c’est aussi pour eux. La 2ème stratégie est de pousser un maximum nos programmes sur les réseaux sociaux.