La série «The Missing» arrive en France

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Le comédien Tchéky Karyo incarne un flic français dans «The Missing», série britannique phare bientôt diffusée sur TF1 qui ouvre le Festival international des programmes audiovisuels (Fipa) à Biarritz, un rôle qu’il a d’abord refusé avant de se rendre compte qu’il faisait «une connerie». L’intrigue, coécrite par les frères Harry et Jack Williams, se déroule en Picardie. Un couple d’Anglais et leur petit garçon en villégiature sont victimes d’une panne et s’arrêtent dans un village pour plusieurs jours. Oliver et son père Tony Hughes (James Nesbitt) vont à la piscine, s’attardent à jouer ensemble et à la tombée du jour entrent dans un bar où une foule compacte de supporters de football hurlent devant un match à la télé. Tony lâche la main d’Oliver quelques secondes le temps de commander leurs boissons. 

L’enfant se volatilise : Cette disparition modifie à jamais les destins, celui du couple, mais aussi de certains enquêteurs dont le commissaire Julien Baptiste, et in fine de toute la région qui se retrouve montrée du doigt. «J’ai abordé le rôle avec encore plus de simplicité, j’ai essayé de ne pas trop en faire, de ne pas trop préméditer les choses», admet Tchéky Karyo. «En fait j’ai d’abord refusé le rôle», raconte-t-il. C’était fin 2013, happé par la sortie de «Credo» son album «de rock expressionniste», des projets et sa vie de famille, il n’arrivait pas à s’engager pour les 5 mois de tournage des huit épisodes de «The Missing», déjà diffusés sur BBC One. 

Tom Shankland, «le metteur en scène, un jeune mec de 35 ans, voulait vraiment travailler avec moi. Je lui ai expliqué les raisons de mon refus. Mais il m’avait tellement bien parlé du rôle que je pensais à lui tout le temps», confie-t-il, regard rougi de fatigue derrière des lunettes rondes, au lendemain d’un concert donné à Istres (sud-est) vendredi. «J’ai fait une connerie», finit-il par s’avouer mais par chance, le réalisateur n’avait toujours pas trouvé son flic. «C’était moi…, rit-il, c’était écrit.» L’affaire enfin conclue, le comédien part aussitôt en Belgique, où l’essentiel du tournage a lieu, à l’exception de quelques scènes tournées en Angleterre et d’autres dans le nord de la France. 

Bien écrit, rythmé, addictif : «Ce n’était pas évident, l’histoire est assez noire mais les personnages ont chacun une façon de prendre leurs destins en main», remarque le comédien. «Tom m’avait convaincu en me disant de fouiller les caractères, ne pas faire d’effets, de ne pas dramatiser juste pour tirer sur les larmes». «Il a dirigé tous les épisodes, a fait le montage, était là tout le temps à s’occuper de tout jusqu’à la musique». Les acteurs ont le ton juste, le scénario bien écrit et rythmé est addictif, la lumière et les images remarquablement soignées. «Tom était très complice avec son chef opérateur, explique l’artiste. Il avait une volonté de filmer de manière presque banal par moment tout en parvenant à faire résonner derrière un suspens très subtil. L’acteur de 61 ans a eu besoin d’un coach pendant trois mois. «Pour à la fois travailler sur l’anglais, m’écouter délirer, répéter à haute voix et me répondre parce que, au-delà du travail sur la langue, explique-t-il, je faisais aussi un travail de fouille des personnages». Il s’est d’ailleurs rendu compte, lors du doublage en français achevé en ce début d’année, que Julien est «l’un des personnages qui parlent presque le plus». Le comédien amorcera bientôt une nouvelle aventure pour la télévision, dans un autre genre en rejoignant le tournage début février de «Section Zéro», une série d’anticipation écrite et réalisée par Olivier Marchal pour Canal+.