La télé-réalité «condamnée sous sa forme actuelle» pour le sémiologue François Jost

    La polémique autour de l’émission de M6 «Pékin Express», qui serait truquée, montre que la téléréalité est «condamnée sous sa forme actuelle», estime le sémiologue François Jost qui suggère de parler plutôt de «jeux de rôles». Dans son édition de mercredi, le «Canard Enchaîné» publie un article intitulé «Les aventuriers de M6 dans une course bidonnée» à propos de l’émission «Pékin Express». Le journal satirique affirme que des «consignes» rédigées par la société de production de l’émission «sont distribuées aux journalistes chargés de suivre les candidats avant chaque étape». Les journalistes censés être totalement impartiaux sont en fait encouragés par la production à intervenir dans la course, selon le journal. «Cette affaire ne me surprend pas, car ça fait des années que je suggère de parler de télévision de jeux de rôles plutôt que de téléréalité. Il est évident que depuis le départ, il s’agit de jeux de rôles: les gens sont mis dans des situations où ils doivent jouer un rôle», dit ce spécialiste auteur de «L’empire du loft (la suite)» (éd. La dispute). François Jost rappelle le récent procès opposant les candidats de «L’île de la tentation» à leur producteur, une filiale de TF1, sanctionnée pour avoir violé le code du travail. Les candidats réclamaient un vrai contrat de travail pour leur participation à l’émission. «Aujourd’hui, il commence à devenir clair que les candidats se livrent presque plus à un travail qu’à un jeu», insiste le professionnel. Les émissions de télé-réalité sont-elles scénarisées ? Pour lui, il faut distinguer entre émission en direct et émission enregistrée. «Dans du direct comme «Loft Story», on indique aux candidats des activités, on les met sur des rails en leur faisant jouer des soirées à thèmes», explique-t-il. Le producteur a une vision globale de ce qui peut arriver, l’émission étant diffusée dans des dizaines de pays. Pour les émissions enregistrées comme «L’île de la tentation», «Koh Lanta», «Pékin Express» ou «Bachelor», nécessitant des dizaines d’heures de tournage pour ne garder qu’une heure et demi hebdomadaire, «il est évident qu’il y a un choix éditorial».