LCI : verdict mardi

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LCI disparaîtra-t-elle des écrans de télévision ou survivra-t-elle en format réduit? TF1 annoncera mardi aux salariés le sort de sa chaîne d’information déficitaire, qui pourrait passer par une réduction d’effectifs et une alliance avec Le Figaro. Depuis le refus du Conseil supérieur de l’audiovisuel fin juillet de laisser LCI devenir gratuite, TF1 étudie plusieurs options pour transformer la chaîne, soit des solutions internes, soit des partenariats. 

Mardi, la direction annoncera son verdict lors de 3 réunions successives avec les représentants du personnel de LCI, de TF1 et de la filiale internet e-TF1. Le PDG du groupe TF1, Nonce Paolini, avait d’abord menacé de fermer la chaîne purement et simplement si elle ne devenait pas gratuite. Puis, début septembre, il a expliqué aux salariés que LCI «telle qu’elle existe actuellement» disparaîtrait début 2015 et évoqué sa transformation en simple site de production d’infos. Les syndicats y voient une menace directe pour les 247 emplois équivalent temps plein de LCI. Les rédactions de TF1, de LCI et de la filiale internet e-TF1 pourraient être concernées par un plan social, estiment-ils. 

Le point-clé mardi sera d’abord le maintien ou non de LCI comme chaîne de télé, et l’impact social du projet. «Soit LCI ne reste qu’une marque, une news factory qui produit des contenus, et cela ne suffira pas à employer 247 personnes. C’est le scénario noir», a commenté un délégué syndical. Soit elle reste «une chaîne de télé, mais sûrement pas sur la TNT payante, car le signal nous coûte cher. Elle pourrait rester au moins sur les box» (ADSL, câble et satellite), a-t-il poursuivi. «Mais les redevances que nous versent les opérateurs, de 21 millions d’euros par an pour l’instant, dont 7 millions de CanalSat, vont baisser. Les recettes pub aussi: elles n’ont atteint que 3 millions en 2013, contre 7 millions en 2012. LCI n’aura sûrement plus un budget de 37 millions d’euros par an. Elle ne pourra plus être une chaîne d’info, mais plutôt une chaîne de débats, qui ne coûte pas cher», a-t-il jugé. L’avenir de LCI pourrait aussi passer par un partenariat avec Le Figaro: les 2 groupes discutent depuis des semaines pour «réfléchir ensemble à l’avenir de LCI», a indiqué le président de la Société du Figaro, Rudi Roussillon. «Nous avons décidé d’étudier si des synergies opérationnelles et commerciales étaient envisageables entre notre site internet, une chaîne d’information comme LCI et un groupe de télévision comme TF1», a renchéri le DG du Figaro, Marc Feuillée, dans le journal vendredi. Il a aussi souligné l’intérêt pour le site du «Figaro» de disposer d’images produites par LCI.  Un partenariat pourrait donc porter en priorité sur un contrat de fourniture de vidéos pour lefigaro.fr, plutôt qu’une entrée du «Figaro» au capital de LCI. Reste l’hypothèse évoquée par certains syndicats d’une alliance Figaro-LCI sur la chaîne de télé, si celle-ci perdure. Le groupe TF1 a aussi été approché par les actionnaires du Monde (Xavier Niel, patron de Free, Matthieu Pigasse et Pierre Bergé), qui lui ont proposé de racheter LCI, mais il a sèchement rejeté leur offre. Il n’avait guère apprécié que les actionnaires du Monde se disent prêts à reprendre LCI, juste avant la décision du CSA sur son passage en gratuit, comme pour minimiser la menace de TF1 de fermer la chaîne.  Si Le Figaro s’offrait les images de LCI, il disposerait d’un nouvel atout dans sa bataille contre Le Monde pour renforcer sa place de 1er site d’info en France. Lancée il y a 20 ans, LCI est depuis restée une chaîne payante, alors que ses concurrentes BFMTV et i-Télé sont, elles, sur la TNT gratuite. Elles bénéficient ainsi de numéros de chaînes parmi les 1ers, quand LCI est généralement reléguée bien plus loin dans la numérotation, sur les box où elle est présente.