Marine BOULANGER, Directrice du Pôle Cinéma de Médiamétrie
A l’issue d’une conférence de presse organisée hier matin par Médiamétrie autour de «L’Année Cinéma 2016 : les clés du succès d’un média à part entière», média+ s’est entretenu avec Marine BOULANGER, Directrice du Pôle Cinéma de Médiamétrie. Elle nous éclaire sur les comportements du spectateur.
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Quelles sont les spécificités du spectateur de cinéma en France ?
Marine BOULANGER
Le spectateur de cinéma est davantage parisien, CSP+ et il a une capacité à fédérer les plus jeunes : 48% des spectateurs de cinéma ont moins de 35 ans. Le cinéma incite aussi à la sortie accompagnée. C’est le cas pour 76% des gens. L’âge moyen du média est de 38 ans, contre 42 pour internet, 46 pour la télévision et 47 pour la radio. Les spectateurs notent les salles de France et leur attribuent 7,6/10. 2016 a été une très forte année en fréquentation (41,5 millions de personnes) portée par les cibles occasionnelles qui ont été convaincues de venir en salles. Il y a deux catégories de populations au cinéma : les habitués et les occasionnels. Les 13,3 millions d’habitués (composés de 15-24 ans et de 50 ans et plus) pèsent très lourdement sur les entrées. La cible des occasionnels se positionne en complément et représente 28,3 millions de personnes. Ils pèsent pour 30,4% des entrées.
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Le piratage a-t-il encore un impact sur l’attractivité en salles ?
Marine BOULANGER
Oui, clairement ! Sur la chaîne de valeur du cinéma, ce n’est pas forcément la salle qui sera touchée par le piratage. En revanche, 13 millions d’individus en France pratiquent le piratage (streaming, téléchargement, pear to pear). 59% des 15-24 ans adoptent le streaming et 32% le téléchargement. En 2009, les 15-24 ans sont allés 8 fois au cinéma en moyenne, contre 6 fois en 2016. 11% des spectateurs cinéma consomment la VOD.
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Comment s’informent les spectateurs de la sortie d’un film ?
Marine BOULANGER
Essentiellement par la salle et la diffusion de bandes-annonces. S’ensuit la télévision, internet, l’affichage, la presse et la radio. La promotion en salles va être très efficace sur les habitués de cinéma. Internet et la télévision viennent en relai et touchent respectivement les plus jeunes et les occasionnels. Dans la pléthore de contenus qui existe et à laquelle sera confronté le spectateur de cinéma, il est essentiel de faire connaître le film. Sur 100 spectateurs, une semaine avant la sortie d’un long métrage, 18 ont en entendu parler, 7 ont l’intention d’y aller, et 6 personnes savent véritablement à quel moment ils iront le voir. D’où l’importance d’avoir un marketing offensif et de positionner le film en amont. Ces normes évoluent en fonction des genres de films. Sur 100 spectateurs par exemple, 33 ont entendu parler d’un film d’aventure contre 9 personnes pour un drame.
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Pourquoi les spectateurs viennent-ils en salle ?
Marine BOULANGER
D’abord pour l’histoire, suivi par le genre, la bande annonce attractive, les acteurs et les personnages. Pour un film d’animation, la bande-annonce sera le facteur incitatif tout comme le poids de l’opus précédent. Les longs métrages qui ont réalisé le plus d’entrées sont ceux qui ont le budget marketing le plus fort. Nous mesurons aussi systématiquement la satisfaction des spectateurs. Dans le Top 10 des films les plus appréciés en 2016 : la Palme d’or «Moi, Daniel Blake», «Zootopie» et «Le Livre de la Jungle». Le 1er film français n’apparaît qu’en 6ème position avec «Demain, tout commence».
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Quels sont les habitudes de consommation des spectateurs cinéma ?
Marine BOULANGER
En moyenne, un spectateur cinéma fréquente 1,7 salle dans l’année sur 1,3 département. Selon les types de public, il y a des différences. Les très jeunes gens vont fréquenter davantage de salles (2 pour les 15-24 ans, 1,5 pour les 35-49 ans et 2,2 pour les habitués). A noter que 66% des spectateurs sont fidèles à un seul établissement. On imagine bien la complexité d’implanter de nouveaux cinémas ou de créer de nouveau flux de spectateurs.
