Malek Bensmaïl tourne pour «archiver la mémoire» de l’Algérie

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Le cinéaste algérien Malek Bensmaïl tourne pour «archiver la mémoire» de son pays malgré «l’autocensure» dont sont victimes ses documentaires percutants, dans son pays et parfois même en France. A l’occasion de la sortie d’un coffret DVD de 4 films, intitulé «Un regard sur l’Algérie d’aujourd’hui» (Ina), Malek Bensmaïl indique qu’un documentaire sur 1962 – l’année du départ des Français et de l’indépendance – sera diffusé sur France 3 cet été. Ces longs métrages (en français ou arabe sous-titré) sont autant de portraits d’institutions d’une jeune nation, avec ses blocages sociaux et politiques : le pouvoir politique (campagne présidentielle d’un opposant dans «Le grand jeu» en 2004), l’hôpital psychiatrique («Aliénations»), la famille (visite d’émigrés dans «Des vacances malgré tout»), sans oublier l’école et l’histoire («La Chine est encore loin»). «Je veux enregistrer la mémoire d’aujourd’hui» pour les archives de demain, déclare M. Bensmaïl, affirmant qu’il y a eu des décennies «de vide documentaire» en Algérie. Or, pour ce cinéaste de 46 ans basé à Paris, les Algériens se montrent avides «de se voir, de s’écouter» lors des projections privées de ses documentaires. Mais si le film «La Chine est encore loin» a été partiellement financé par le ministère de la Culture et la télévision publique algériens, il s’est vu refuser le visa d’exploitation. Comme d’autres films interdits, «plutôt par autocensure que par censure directe (…) devant une réalité sociale et politique» dérangeante, selon lui. Le réalisateur revient à Ghassira, village des Aurès où un couple français d’instituteurs et le caïd local furent victimes en novembre 1954 du 1er attentat du Front de libération nationale (FLN). Là comme ailleurs, Bensmaïl donne patiemment la parole aux enfants, aux enseignants, aux gens les plus humbles, telle Rachida qui fait le ménage à l’école: personnage silencieux, elle finit par décrire en voix off sa vie de femme prise dans un étau».