Maroc Telecom condamné à une amende de 310 millions d’euros pour «comportements constitutifs d’abus de position dominante»

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Le gendarme marocain des télécoms a infligé une amende de 3,3 milliards de dirhams (310 millions d’euros) à l’opérateur historique Maroc Telecom (IAM), accusé de «comportements constitutifs d’abus de position dominante», a-t-il annoncé lundi.

L’Agence nationale de règlementation des télécoms (ANRT) a statué sur une saisine déposée par un concurrent à l’encontre de Maroc Telecom pour «pratiques anti-concurrentielles» concernant la mise en oeuvre du «dégroupage».

Celui-ci permet l’ouverture du réseau téléphonique local à la concurrence, en leur donnant accès à la boucle locale, qui appartient à l’opérateur historique. C’est cet accès qui permet à la concurrence de déployer une offre de téléphonie fixe et ADSL.

Or, l’ANRT a conclu à l’existence, depuis 2013, de pratiques «constitutives d’abus de position dominante» imputées à IAM, «ayant eu pour effet d’empêcher et de retarder l’accès des concurrents au dégroupage et au marché du fixe». Détenu à majorité par l’émirati Etisalat, le leader marocain des télécommunications a ainsi gardé le monopole sur ce segment.

La sanction, fixée à «trois milliards trois cent millions de dirhams», devra être versée «intégralement au Trésor public». Elle représente environ 10% du chiffre d’affaires du groupe en 2018, environ 36 milliards de dirhams (3,4 milliards d’euros). Maroc Telecom «prend acte de la décision» de l’ANRT et «se réserve la possibilité d’exercer les voies de recours prévues par la loi», a-t-il indiqué dans un communiqué.

L’instruction du gendarme des télécoms avait été ouverte en mai 2017 après une saisine de l’opérateur marocain Wana, filiale de la holding royale Al Mada (ex-SNI). Un an plutôt, l’ANRT avait adressé un avertissement à l’opérateur historique, resté sans suite.

Wana a par ailleurs déposé en mars 2018 une plainte devant le tribunal de commerce de Rabat contre IAM pour «concurrence déloyale», lui réclament plus de 5 milliards de dirhams (500 millions d’euros) de dommages et intérêts, selon la presse spécialisée.

Le procès est en cours. Maroc Telecom a été fondé en 1998 par l’Etat marocain avant d’être partiellement privatisé. Le groupe est aujourd’hui présent dans une dizaine de pays du continent.