Mathieu Gallet, une ascension fulgurante dans le monde des médias

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Le PDG de Radio France Mathieu Gallet, a connu une ascension fulgurante dans le monde des médias et survécu à plusieurs crises à la tête de la maison ronde, avant qu’une condamnation ne le replonge dans la tourmente. En février 2014, impressionné par son ambitieux projet numérique, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) avait créé la surprise en nommant à l’unanimité le jeune dirigeant à la présidence de Radio France, face à des postulants plus expérimentés. Mais sa condamnation à un an de prison avec sursis et 20.000 euros d’amende pour des faits de «favoritisme», quand il dirigeait l’Institut national de l’audiovisuel (INA, 2010-2014), vient perturber la carrière de cet homme pressé, marqué à droite. Le haut fonctionnaire est soupçonné d’avoir «favorisé» deux sociétés de conseil, auxquelles l’établissement public a commandé plus de 400.000 euros de prestations, notammment pour lancer sa candidature à la direction de Radio France, selon la procureure. «Evidemment, M. Gallet ne démissionnera pas de Radio France», ont indiqué ses avocats dès l’annonce de sa condamnation le 17 janvier, ajoutant qu’il faisait appel. Le PDG avait déjà fait savoir qu’il comptait aller au terme de son mandat, prévu en mai 2019. La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, l’a pourtant appelé à «tirer les conséquences» de sa condamnation. C’est le CSA qui aura le dernier mot, en statuant sur sa capacité à diriger Radio France alors que le gouvernement lui a retiré sa confiance. Mathieu Gallet avait déjà été affaibli plusieurs fois au début de son mandat. D’abord par des révélations du Canard enchaîné sur les coûteux frais de rénovation de son bureau, et l’appel, lui aussi onéreux, à un expert en communication. Ensuite par une grève historique qui a paralysé les antennes de Radio France pendant près d’un mois en 2015, les salariés protestant contre des restrictions budgétaires et des réductions d’effectifs. Né le 8 janvier 1977 à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), l’homme, ambitieux, est diplômé en 1999 de l’Institut d’études politiques (IEP) de Bordeaux et titulaire d’un DEA d’analyse économique des décisions publiques. Il commence la même année sa carrière dans le privé chez Erato Disques, label de Warner, puis devient en 2000 responsable de l’administration des ventes internationales de Pathé. En 2001, il rejoint le groupe Canal+, d’abord en tant que contrôleur de gestion de Studiocanal, puis comme chargé de mission pour les relations institutionnelles du groupe (2004-2006). «C’est quelqu’un qui n’est pas resté enfermé dans son bureau. Il a appris en quelques années à connaître beaucoup, beaucoup de monde et s’est lié à des gens importants», commentait en 2015 un présentateur de France Inter, sous couvert d’anonymat, le qualifiant d’«homme de contacts et d’ambitions». Après Canal+ – il n’a pas encore 30 ans -, Mathieu Gallet entre dans des cabinets de droite. D’abord dans l’équipe de François Loos, ministre délégué à l’Industrie dans le gouvernement Villepin, comme conseiller technique chargé de l’audiovisuel et des nouvelles technologies. Il rejoint l’année suivante le ministère de la Culture, comme conseiller technique pour l’audiovisuel sous Christine Albanel, puis comme directeur adjoint de cabinet de Frédéric Mitterrand à partir de 2009. Là, il suit de près des dossiers audiovisuels comme la réforme de la structure de France Télévisions, la suppression de la publicité à la télévision publique ou la numérisation des oeuvres du patrimoine national. Nommé en mai 2010, à 33 ans, PDG de l’INA, Mathieu Gallet avait poursuivi la modernisation de cette institution, en mettant notamment l’accent sur le numérique. En 2014, il est nommé président de Radio France, le plus jeune à ce jour. Il a depuis fait progresser les audiences des radios et redressé les comptes du groupe public, notamment à travers des suppressions de postes, et ce malgré une baisse des ressources publiques. Il a aussi lancé l’offre d’info publique franceinfo avec les autres groupes de l’audiovisuel public.