Michel CACOUAULT, Président du Bureau de la Radio

345

L’ensemble des radios privées commerciales françaises s’unissent et agissent contre une ouverture supplémentaire de la publicité sur Radio France. Pour en savoir davantage, média+ s’est entretenu avec Michel CACOUAULT, Président du Bureau de la Radio (qui regroupe Europe 1, RTL, NRJ et RMC).

media+

Les radios privées viennent d’assigner Radio France pour concurrence déloyale. Où se situe concrètement le nœud du problème ? 

Michel CACOUAULT

Le Bureau de la radio et le Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (SIRTI) ont annoncé lundi avoir assigné Radio France devant le tribunal de commerce de Paris pour concurrence déloyale, dénonçant la diffusion sur ses antennes de publicités pour des marques commerciales. Depuis 2012, nous envoyons des courriers pointant du doigt des manquements de la part de Radio France. Le CSA nous a très peu répondu. Quelques avertissements ont été faits à Radio France mais sans aucune sanction particulière. Sur les 40M€ de chiffre d’affaires (c.a.) publicitaire de Radio France, la moitié est déjà hors-la-loi, en raison de la publicité de marque présente illégalement sur les antennes du service public. Si le périmètre publicitaire de Radio France venait à s’étendre, comme il est évoqué régulièrement à l’heure de l’élaboration du prochain contrat d’objectifs et de moyens, c’est un potentiel de 100M€ de c.a. publicitaire qui pourrait échapper aux radios privées. Parallèlement, dans un contexte de réduction du c.a. publicitaire en baisse de -18%, le contrat d’objectifs et de moyens de Radio France progresse de +31% entre 2006 et 2014. Par conséquent, les opérateurs de radio privée entendent vouloir s’en tenir à la loi et au cahier des charges du service public. L’ensemble des radios privées a assigné le groupe Radio France au Tribunal de Commerce vendredi dernier. Une 1ère audience technique aura lieu le 23 mars. 

media+

Les auditeurs de Radio France seraient pourtant une cible privilégiée pour les annonceurs…

Michel CACOUAULT

Evidemment ! Mais on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Les subventions de Radio France sont d’environ 600M€ contre 558M€ pour la totalité des radios privées nationales. Le service public ne peut pas demander plus de publ puisque c’est notre unique source de financement. Depuis le début de l’année, nous constatons déjà une baisse de -2,5% du c.a. pub. Et ça devrait se poursuivre… 

media+

Les stations privées s’inquiètent aussi d’un éventuel élargissement de l’activité commerciale de Radio France (publicité de marque, distribution…). Qu’en dites-vous ? 

Michel CACOUAULT

Cela entraînerait une déstabilisation de notre marché publicitaire, alors que les recettes commerciales ont reculé de -18% entre 2006 et 2014. Le Président de Radio France, Mathieu Gallet, a demandé en septembre dernier que les radios publiques puissent élargir les publicités autorisées sur ses antennes à des groupes ayant un rôle public, comme Air France, La Poste ou la SNCF. Mais les auditeurs de Radio France ne veulent pas de ça.

media+

Que demandez-vous à Radio France ?

Michel CACOUAULT

Je ne leur demande rien. Nous demandons au régulateur de faire respecter la loi et au législateur de ne pas changer la loi.  Lorsque Mathieu Gallet est passé devant le CSA, il a déclaré qu’il ne toucherait pas les règles existantes. Et là, il voudrait rajouter de la pub. Nous ne pouvons pas l’accepter.