Monde ultra-connecté : les peurs contemporaines peuplent les séries

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Contamination de nos sociétés par des virus, ou dérapages d’un monde ultra-connecté envahi par écrans et robots: ces peurs contemporaines peuplent des séries TV des 4 coins du globe, présentées cette semaine au festival Séries Mania à Paris. 

«On a plusieurs tendances fortes cette année, dont celle d’une peur un peu mondiale, celle de la contamination par un virus qui se propage et va toucher nos sociétés, comme on avait eu d’autres années la crainte du complot», a expliqué Laurence Herszberg, directrice du Forum des Images, à Paris, où se déroule depuis mardi et jusqu’au 30 avril le festival Séries Mania dédié aux séries internationales. «Ce qui est intéressant, c’est qu’on retrouve ce thème dans des séries qui n’ont rien à voir les unes avec les autres, sur des parties du globe très différentes», ajoute-t-elle. Parmi les fictions reflétant cette thématique, l’américaine «Helix», diffusée en France début mai sur la chaîne payante du câble et du satellite Syfy, met en scène une équipe de scientifiques envoyée dans un centre de recherches de l’Arctique pour enquêter sur la propagation d’un virus particulièrement agressif. Ce sujet se décline aussi à travers la sud-coréenne «The End of the World», racontant l’histoire d’un chercheur qui tente de trouver l’origine d’une mystérieuse épidémie. On le trouve encore dans la belge néerlandophone «Cordon», dans laquelle un quartier de la ville d’Anvers est condamné pour prévenir la propagation d’un virus mortel d’origine inconnue. «Le virus est une façon très intéressante d’aborder un tas de thématiques. Aujourd’hui, dans l’ère numérique qui est la nôtre, il est devenu la double incarnation de notre mortalité, puisqu’il incarne aussi celle des machines à travers les virus informatiques», commente Pierre Langlais, journaliste spécialiste des séries au Mouv’ et à «Télérama». Cette angoisse de la contamination touche aussi des séries déjà existantes comme la suédoise «Real Humans», qui met en scène des robots humanoïdes côtoyant les hommes. Dans la saison 2, présentée à Séries Mania et diffusée à partir du 15 mai sur Arte, des virus viennent contaminer les robots, les rendant davantage humains en les confrontant à la question de la mortalité. Abordé aussi par «Real Humans», le thème de l’impact des nouvelles technologies dans un monde dématérialisé, autre peur contemporaine, traverse également plusieurs séries présentées à Séries Mania. «Aujourd’hui nous avons le sentiment que les technologies de l’information, les ordinateurs, internet, sont difficiles à contrôler, vivent presque leur propre vie. C’est quelque chose qui n’existait pas il y a 15 ans», commente le créateur de «Real Humans», Lars Lundström. 

Ces inquiétudes liées à notre monde très connecté se retrouvent aussi dans «Babylon», série britannique signée Danny Boyle («Trainspotting»), qui se penche sur le monde policier à l’ère de l’ultra-communication, souligne Laurence Herszberg. Elles sont aussi largement explorées dans «Black Mirror», série anglaise récompensée par l’International Emmy Award de la meilleure mini-série en 2012, et diffusée prochainement sur France 4. Elle aborde les possibles dérives des nouvelles technologies sur la politique, la société et les relations humaines, dans un monde dominé par la «sur-technologie» et la «sur-connexion». «La frontière fragile entre l’humain et la machine est un thème fort du moment», souligne Pierre Langlais. «On commence à se rendre compte des dangers de notre addiction aux nouvelles technologies et des déraillements que cela peut entraîner».