Nicolas Canteloup, stakhanoviste multi-médias de l’humour

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Le matin sur Europe 1, bientôt le soir sur TF1, plusieurs fois par semaine deux heures de scène sans entracte : Nicolas Canteloup, qui prête aussi sa voix aux Guignols de l’Info sur Canal+, attaque la rentrée sur les chapeaux de roues. TF1 qui cherche à renouer avec une forme d’impertinence, seize ans après avoir sabordé le «Bébête Show», pourra compter, à partir du 10 octobre, sur ce caméléon vocal, stakhanoviste des ondes et des salles de spectacles, pour enrichir ses programmes avec «Après le 20H, c’est Canteloup !», cocktail d’images détournées et de parodies. Comme il le fait depuis 2005 à la radio, l’imitateur rebondira sur l’actualité avec sa palette de 150 voix qui fait les beaux matins d’Europe 1 en réveillant les zygomatiques de plus de 1,4 million de fidèles, sans compter des centaines de milliers de podcasts. «La radio, la TV et la scène en même temps, ça peut ressembler à une boulimie mais c’est surtout des opportunités liées à l’année présidentielle», explique son producteur Jean-Marc Dumontet. «Il faut savoir parfois mettre les bouchées doubles. Pour Nicolas, c’est grisant et il aborde les choses avec une énorme envie», ajoute-t-il, estimant que l’atout de l’imitateur est de s’amuser «sans haines, ni aigreurs» des «turpitudes de notre société». Depuis l’enfance, l’imitation est la seconde nature de Canteloup. Ses professeurs, les premiers, en font les frais. Un jour, il assiste avec ses parents à un spectacle de Bernard Haller. Fasciné, le petit Nicolas trouve sa vocation. L’imitateur, qui aura 48 ans en novembre, a fait ses classes au Club Méditerranée où il était moniteur d’équitation. De retour à Paris, il court les cachets dans les cabarets avant de tenter le tout pour le tout : il envoie une cassette aux «Guignols de l’Info» avec, pour se distinguer, des voix de grands sportifs. Canal+ l’embauche dans l’heure. Ses imitations irrésistibles de Fabien Barthez ou Richard Virenque l’imposent. Le personnel politique l’inspire tout autant, en doublure vocale de Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Ségolène Royal et Gérard Schivardi. Après des débuts radiophoniques sur «Rires et Chansons», Europe 1 enrôle Canteloup en 2005, tandis que Michel Drucker lui propose une chronique dans «Vivement Dimanche».
Avec ses coauteurs Philippe Caverivière et Laurent Vassilian, Canteloup a toujours refusé la méchanceté gratuite. «Je veux être caustique mais je ne veux pas de malaise. Pas question de faire rire 20% de gens pour en déranger 80%!», expliquait-il récemment lors d’un dialogue avec ses auditeurs. «On peut rire de tout avec le bon timing. Après une catastrophe, la tristesse est générale. Il faut attendre quelques jours et préférer des parallèles, sans toucher à la dignité des victimes. Cela relève du bon sens et du bon goût», ajoutait l’imitateur, souvent jugé trop courtois à ses débuts.
Au-delà de ses piques pour la classe politique, il s’essaye, dans sa «Revue de Presque» sur Europe 1, à un exercice périlleux : reconstituer l’interview de l’invité du jour, célèbre ou non, quelques minutes à peine après le départ de ce dernier. Pour son apparition télévisée à venir, Canteloup l’assure : il a reçu carte blanche de TF1 qui, «en pleine campagne électorale, veut donner un gage de liberté et montrer qu’elle n’est pas ce que l’on pense», a-t-il expliqué au «Journal du Dimanche». Son arrivée sur la Une fait grincer des dents : Michel Drucker ne l’accueillera plus sur France 2, tandis que Canal+ a fait savoir que «la poursuite de sa collaboration aux voix des Guignols» était «en suspens».