Olivier BIBAS, DG d’Atlantique Productions (Lagardère Entertainment)

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Spécialisée dans la coproduction internationale, quelles sont les ambitions d’Atlantique Productions ?

Olivier BIBAS

Le but de notre société est de produire des séries TV à destination d’audiences larges, au-delà de la France. Ce sont des productions que nous pouvons créer à 100% mais cela peut aussi être des coproductions internationales. La coproduction internationale est un puzzle. Et notre expertise est de déterminer les bonnes personnes qui construiront un «package» suffisamment attrayant pour le marché. 

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La coproduction internationale, est-ce un vrai casse-tête ?

Olivier BIBAS

La complexité d’une coproduction internationale se situe à plusieurs niveaux. D’une part, vous collaborez avec des partenaires très différents. Sur «Le Transporteur», il s’agit d’une coproduction entre M6 (en France) et HBO (au Canada). Après, c’est au producteur d’être certain que les deux diffuseurs-financiers principaux veulent bien le même show. C’est la raison pour laquelle le showrunner vient très en amont. Il est validé par les deux diffuseurs principaux.

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Laisser la création d’une série à un showrunner, cela vous désengage-t-il artistiquement du projet ?

Olivier BIBAS

Pas du tout ! Vous avez plusieurs types de showrunners. Dans «Le Transporteur» (diffusée à partir du 1er janvier 2015 sur M6), Frank Spotnitz est un auteur/producteur très présent sur l’écriture, la post-production et beaucoup moins sur les plateaux. Chez Atlantique Productions, nous sommes présents à chaque étape du développement. Nous validons les pitchs avec le showrunner en salle d’écriture. Nous avons un travail collaboratif avec ce dernier. Nous pouvons corriger certaines choses et pousser des curseurs. Notre rôle est de protéger les intérêts artistiques et financiers du projet, et d’être dans une optique de gestion de talents. Le showrunner quant à lui s’occupe essentiellement du créatif.

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Pourquoi les coproductions internationales fonctionnent-elles moins bien en France ?

Olivier BIBAS

Le modèle de la coproduction internationale tel qu’il existe aujourd’hui, et que nous avons initié il y a 5 ans avec «Borgia», est jeune. Lorsqu’une société française travaille pour la 1ère fois avec un showrunner américain, il y a forcément une courbe d’apprentissage sur les relations liées aux différentes cultures de l’image. Au fur et à mesure des années, nous avons beaucoup appris. Nous sommes convaincus du modèle. Nous sommes aussi plus exigeants, notamment sur l’écriture.   

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Les chaînes françaises croient-elles encore à la coproduction internationale ?

Olivier BIBAS

Bien entendu ! J’ai de nombreux développements en cours avec les chaînes françaises. Les diffuseurs n’ont pas abandonné ce créneau, bien au contraire. Cette année nous avons livré «Borgia» saison 3 (Canal+) et «Le Transporteur» saison 2 (M6). L’année prochaine, nous avons des projets avec Canal+. Nous tentons aussi de lancer des modèles de production, sans chaîne française, ou alors avec des investissements minimaux côté français. Car aujourd’hui, toutes les coproductions internationales sont montées avec un financement français de l’ordre de 30 à 50% du financement total. Nous savons qu’il est possible de proposer nativement des projets à destination de l’international. Avec l’émergence de nouveaux acteurs de la SVOD par exemple, on se tourne sur de nouveaux genres. Nous préparons par exemple un projet de science-fiction, «Metal Hurlant», pour lequel nous recherchons des partenaires.

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Quels genres de shows TV développez-vous ?

Olivier BIBAS

Il y a trois types de shows que nous développons. Tout d’abord, des séries comme «Borgia» avec des budgets importants de 2M€ et plus l’épisode. Nous recherchons également des coproductions plus organiques européennes dans une gamme de budgets entre 1,3M€ et 1,5M€. Enfin, nous voulons aussi répondre à une demande réelle du marché international sur des fictions de genres pour près d’1M€.