P. BAILLY (NPA Conseil) : «86% des Français ont parfois un sentiment de déjà-vu en regardant la TV»

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Le 15 novembre, la 24ème journée NPA Conseil/Le Figaro coïncidera avec le 15ème anniversaire de NPA Conseil. L’occasion pour le cabinet de publier une nouvelle étude, «Les Français et leur télévision», conduite en collaboration avec l’institut CSA. Les détails avec Philippe BAILLY, Président de NPA Conseil.

média+ : Quelles nouvelles attentes avez-vous identifié auprès des téléspectateurs ?

Philippe BAILLY : La télévision est un support autour duquel on continue de se rassembler. Les attentes vis-à-vis du petit écran sont assez similaires par rapport aux années précédentes, à savoir se divertir, s’informer et, dans une moindre mesure, se cultiver. 59% des interviewés estiment que «la télévision permet de passer de bons moments en famille ou entre amis». Ce n’est pas une surprise. Il existe d’ailleurs une forme de maturité du téléspectateur dans son rapport à la télévision. Le public a une idée assez précise du temps qu’il passe devant l’écran : 3h31 en moyenne selon leurs déclarations, pour une durée réelle de 3h51. D’autre part, la télévision est un support que l’on aime regarder en linéaire. Les nouveaux services qu’apportent le numérique permettent à la télévision d’être amplifiée et démultipliée. En revanche, le nombre important de rediffusions de films (41% des films proposés en 2014 par les chaînes nationales gratuites avaient déjà été diffusés en 2013) n’est certainement pas indifférente au sentiment de «déjà vu» exprimé par 86% des interviewés. Finalité, le public veut toujours de la télévision, mais avec davantage de confort et de services annexes. Face à l’abondance de programmes, ils ont un regard plus critique. 55% des Français ne sont pas satisfaits de la qualité des programmes.

média+ : Les nouveaux programmes ne parvenant pas à s’installer en TV sont-ils victimes d’un public de plus en plus sévère ?

Philippe BAILLY : Prenons l’exemple des après-midis de France 2. Sur cette tranche, le profil du téléspectateur est plutôt âgé, disponible, et ancré dans ses habitudes et repères. A partir du moment où vous changez, dans un même mouvement, 4 émissions avec des incarnants comme Amanda Scott ou Thomas Thouroude qui ne sont pas connus du public de la chaîne, vous créez une double difficulté. Ne valait-il pas mieux les faire apparaitre dans d’autres programmes comme co-animateurs pour faire en sorte de les identifier auprès du public ?

média+ : Trois Français sur cinq privilégie la diffusion linéaire au replay. Cette tendance peut-elle basculer en faveur du tout replay dans quelques années ?

Philippe BAILLY : L’attachement au flux linéaire reste assez fort. C’est la référence chaque soir lors de la sélection d’un programme, avant de se tourner éventuellement vers d’autres services (replay, SVOD ou autres). Typiquement, les programmes du soir sont ceux que l’on regarde le plus ensemble. Demain, la diffusion linéaire conservera une forte valeur sur certains programmes comme l’info, le sport ou les grands divertissements dans des carrefours tels que l’Access, le Prime et la 2ème partie de soirée. En revanche, la consommation individuelle continuera de progresser en mobilité pendant la journée.

média+ : La SVOD a-t-elle tué ou stimulé la TV traditionnelle ?

Philippe BAILLY : Ni l’un ni l’autre. S’il y a une forme de télévision à laquelle la SVOD fait concurrence, ce sont les chaînes thématiques de programmes de stock. Typiquement, une chaîne de documentaires se retrouve avec une promesse assez proche des grands services de SVOD. Au global, on reste sur une consommation de complément par rapport à la télévision, et non pas sur un substitut.

média+ : Quelle est la principale attente des Français en termes d’innovation technique ?

Philippe BAILLY : Le start-over !  Il s’agit d’un outil permettant de redémarrer un programme quand celui-ci a déjà débuté. OCS le propose depuis quelque temps en France tout comme l’application MyCANAL sur ses chaînes. Ça devrait se généraliser.