Patrick Drahi part à la conquête des Etats-Unis avec Suddenlink

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Le magnat des télécoms et des médias Patrick Drahi, 51 ans, est parti à la conquête des Etats-Unis en rachetant, via son groupe Altice, 70% de Suddenlink Communications. Septième câblo-opérateur américain, le groupe est valorisé 9,1 milliards de dollars par l’opération. Pour s’emparer de l’entreprise, l’homme d’affaires franco-israélien a racheté des parts aux fonds BC Partners et CPP Investment Board, qui conservent 30% du câblo-opérateur, ainsi qu’à des membres de sa direction. L’opération était bien accueillie par le marché qui portait le titre Altice, coté à la Bourse d’Amsterdam, en hausse de 7,7% à 124,5 euros. Le milliardaire qui contrôle aussi le groupe de télécoms Numericable-SFR, s’est récemment renforcé dans le secteur des médias en rachetant les 20 magazines et sites français du belge Roularta, dont «L’Express», «L’Expansion» et «L’Etudiant», qui viendront constituer un pôle avec la chaîne israélienne i24 News et la participation majoritaire du magnat dans le quotidien «Libération». «Notre investissement dans Suddenlink, le 1er dans le secteur du câble aux Etats-Unis, ouvre une voie industrielle et stratégique attractive pour Altice (dans le pays), sur l’un des plus grands et dynamiques marchés de la communication au monde», s’est réjoui Dexter Goei, le DG du groupe, dans un communiqué mercredi. Les fonds BC Partners et CPP étaient propriétaires depuis 2012 du groupe américain, fondé en février 2003 et basé à Saint-Louis (Missouri, centre), qu’ils avaient acheté à l’époque 6,6 milliards de dollars dette comprise. La transaction sera financée à hauteur de 6,7 milliards de dollars par de la dette, nouvelle et existante, de Suddenlink, un prêt de 500 millions de dollars accordé par BC Partners et CPP Investment Board et 1,2 milliard de dollars en numéraire d’Altice, maison-mère de Numericable-SFR. En faisant son entrée sur le territoire américain, Patrick Drahi dame le pion à l’autre trublion du secteur des télécoms en France, Xavier Niel, dont l’offre de rachat de l’opérateur T-Mobile US avait été rejetée en 2014. Avec Suddenlink, Altice va récupérer un portefeuille de 1,5 million de clients particuliers et de 90.000 entreprises et sera présent dans une quinzaine d’Etats dont le Texas, la Louisiane, l’Arkansas, l’Arizona ou encore la Virginie occidentale. Le câblo-opérateur américain a dégagé en 2014 un c.a. de 2,3 milliards de dollars et un excédent brut d’exploitation de plus de 900 millions de dollars. 

L’opération permet aussi au groupe européen, qui s’est beaucoup développé ces dernières années dans la téléphonie mobile et filaire, de revenir à ses 1ères amours, le câble. Altice veut participer à la consolidation du secteur en cours aux Etats-Unis, a indiqué une source proche du dossier. Car, selon elle, le groupe lorgne sur des proies plus importantes comme le 2ème câblo-opérateur américain Time Warner Cable (TWC) avec 11 millions d’abonnés et une présence dans des métropoles comme New York ou Los Angeles. Des contacts auraient été noués entre les 2 parties, a indiqué une source proche du dossier. Mais il faut d’abord finaliser le rachat de Suddenlink, à priori au 4T une fois l’approbation des autorités réglementaires obtenue. L’appétit de l’entrepreneur français lui a permis de bâtir un géant européen des télécoms et des médias, employant près de 30.000 personnes dans une quinzaine de pays et comptant quelque 30 millions d’abonnés. La liste de ses acquisitions n’a cessé de s’allonger ces derniers mois. Il est désormais seul maître à bord de l’opérateur Numericable-SFR. Il a racheté Virgin Mobile et ajouté les actifs portugais du brésilien Oi dans son escarcelle ainsi qu’un opérateur en République dominicaine.