Radio France : plusieurs stations perturbées jeudi

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Plusieurs stations de Radio France étaient perturbées jeudi matin en raison d’un appel à une grève illimitée lancé par plusieurs syndicats, sur fond de craintes d’un plan d’économies avec réduction des effectifs. C’est le troisième mouvement social dans le groupe public depuis un peu plus d’un mois. 

La matinale de France Inter a été assurée normalement mais d’autres stations ont vu leurs programmes remplacés par des bandes musicales continues, notamment France Info et France Culture. Les salariés sont appelés à se mobiliser à un mois environ de la conclusion avec l’Etat d’un nouveau COM (contrat d’objectifs et de moyens). Radio France cherche le moyen de réaliser 50 millions d’économies pour revenir à l’équilibre, après le déficit de 21,3 millions d’euros prévu cette année, le plus important de l’histoire du groupe.  Deux grèves de 24 heures ont déjà été organisées les 11 février et 12 mars, avec un succès mitigé, car à chaque fois, les syndicats sont divisés entre représentants des journalistes et des techniciens. La grève de ce jeudi, comme le 11 février, a été demandée par 5 syndicats (CFDT, CGT, SNFORT, SUD, Unsa) mais pas par le Syndicat national des journalistes (SNJ), ni FO. Celle du 12 mars avait été lancée par le SNJ et la CFDT, mais ni par la CGT ni par SUD. Les syndicats veulent protester contre toute réduction de la masse salariale, contre une externalisation de la sécurité et du nettoyage ainsi que le transfert d’un des orchestres de Radio France hors du groupe. La direction n’avait pas souhaité s’exprimer sur ce mouvement jeudi matin. Le climat social au sein de Radio France s’est encore dégradé cette semaine avec la révélation par le «Canard Enchaîné» de travaux de rénovation du bureau du président du groupe Mathieu Gallet pour quelque 100.000 euros. Outre le COM attendu mi-avril, un rapport de la Cour des Comptes sur la gestion de Radio France devrait être publié d’ici une dizaine de jours. Il pourrait notamment épingler le coût des travaux de rénovation de la Maison de la Radio, selon les syndicats, un chantier colossal de plus de 350 millions d’euros qui doit s’achever fin 2017-début 2018. «Nous craignons des suppressions d’effectifs de 300 à 400 emplois sur 4.619 actuellement», avait indiqué lundi Valeria Emanuele, déléguée du SNJ. Selon un document interne mentionné par un syndicat en février, Radio France pourrait envisager de réduire la masse salariale de 25 millions d’euros avec un plan de départs volontaires visant 100 à 250 salariés. Un CCE extraordinaire est prévu mardi prochain, a indiqué jeudi Philippe Ballet (Unsa), lors d’un point de presse organisé par les syndicats. «Il serait scandaleux que des économies soient faites sur les effectifs», a déclaré Lionel Thomson (CGT), selon lequel la direction procède actuellement à un «recensement des effectifs non opérationnels». «Il est impossible que le chantier de réhabilitation et ses dérives viennent plomber l’activité de Radio France, d’autant que ce chantier nous a été imposé», a fait valoir de son côté Jean-Paul Quenesson (SUD). Les syndicats ont aussi indiqué vouloir écrire au CSA sur l’affaire du coût de la rénovation du bureau de Mathieu Gallet.