«Succession» et «Squid Game» se sont partagés les honneurs aux Emmy Awards

197

Deux poids lourds se sont partagés les honneurs aux Emmy Awards lundi: le mastodonte de HBO «Succession» a été élu meilleure série dramatique, tandis que la série sud-coréenne «Squid Game» est entrée dans l’histoire de la compétition avec notamment un prix de meilleur acteur pour son interprète principal, Lee Jung-jae. Jouant sur le titre de son programme, le créateur de «Succession» Jesse Armstrong a remarqué que c’était une «sacrée semaine» pour les dynasties, en faisant allusion à la mort de la reine d’Angleterre Elizabeth II et à l’arrivée sur le trône de son fils. Déjà récompensée par le trophée majeur en 2020, cette chronique noire et grinçante d’une puissante famille qui se déchire pour prendre le contrôle d’un empire médiatique (étrangement ressemblant à celui du milliardaire Rupert Murdoch), a également remporté 3 autres prix cette année, notamment pour son scénario et celui du meilleur 2nd rôle, attribué à Matthew Macfadyen. Malgré ses 25 nominations, le programme américain a dû partager la vedette avec le phénomène sud-coréen «Squid Game», sombre et violente dénonciation des dérives du capitalisme, dans laquelle des miséreux s’entretuent lors de jeux d’enfants cruels avec l’espoir de remporter des millions. Produit par Netflix, ce succès planétaire a raflé six prix, et a notamment écrit une nouvelle page de l’histoire des Emmy Awards, équivalent des Oscars de la télévision américaine, grâce à la récompense de meilleur acteur dans une série dramatique attribuée à sa star principale, Lee Jung-jae. Une 1ère pour un interprète jouant dans une autre langue que l’anglais. La série consacre ainsi le succès croissant du cinéma sud-coréen à Hollywood: en 2020, «Parasite» du réalisateur Bong Joon-ho avait remporté l’Oscar du meilleur film. Récompensé pour sa réalisation, le cerveau derrière «Squid Game», Hwang Dong-hyuk s’est montré très honoré. «Nous sommes entrés dans l’histoire ensemble et j’espère vraiment que «Squid Game» ne sera pas la dernière série coréenne aux Emmys», a lancé le réalisateur. Dans le genre dramatique, l’actrice Zendaya a confirmé son statut de nouvelle coqueluche d’Hollyword, en remportant le prix de meilleure actrice pour son rôle d’adolescente toxicomane dans «Euphoria» (HBO), comme en 2020. La désopilante série «Ted Lasso» (Apple TV+) a elle aussi rempilé en tant que meilleure comédie de l’année, après sa victoire en 2021. Jason Sudeikis, qui y incarne un entraîneur de football américain parachuté dans une équipe de foot anglaise, a également remporté l’Emmy du meilleur acteur dans une comédie. Chez les mini-séries, «The White Lotus», qui tacle l’hypocrisie ambiante d’un hôtel de luxe hawaïen, a dominé la soirée avec 10 récompenses, dont celle de la meilleure production du genre – qui rassemble les séries d’une seule saison.  Michael Keaton a de son côté reçu l’Emmy du meilleur acteur dans cette catégorie, pour son rôle dans «Dopesick», mini-série qui examine la dépendance meurtrière des Etats-Unis aux opioïdes. Loin de la soudaine gifle donnée par Will Smith au présentateur Chris Rock lors des derniers Oscars, le retour des Emmys dans un théâtre (une 1ère depuis la pandémie), animé par le comédien Kenan Thompson, s’est déroulée sans grande surprise. Les moments les plus marquants de la cérémonie ont été ceux permettant de célébrer la diversité à l’écran, un thème central où Hollywood tente de s’améliorer depuis plusieurs années. «Nous avons fait beaucoup de progrès, mais il y a encore beaucoup de travail à accomplir», a déclaré l’actrice Geena Davis, primée pour le travail de son institut en faveur d’une meilleure représentation. «La télévision peut souvent influencer directement la manière dont les gens se voient et dont ils estiment leur valeur», a-t-elle insisté.