Après une première très attendue hier matin, «Bonjour !», la matinale de TF1 a dorénavant pour mission de s’installer sur le long terme. Comment la première chaîne s’y est-elle préparée ? Quel impact sur l’organisation de la rédaction de l’information? Quelles seront les premières évolutions mises en place autour de ce nouveau rendez-vous ? Entretien avec Thierry THUILLIER, Directeur de l’Information du Groupe TF1.
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Lancer une matinale, c’est ambitieux! Satisfait de cette initiative ?
THIERRY THUILLIER
Il y a beaucoup de bonnes raisons à l’avoir lancée. Pour une grande chaîne généraliste qui aspire à être leader, il est difficile de se priver totalement d’une émission matinale.
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Pourtant, vous vous en êtes passés pendant 36 ans …
THIERRY THUILLIER
Oui, mais il y a eu un changement de patron et d’équipe. La volonté est de se réinvestir dans ce créneau. Donc, à la question «est-ce que TF1 peut vivre sans une télé du matin ?», la réponse est non. De plus, considérant que l’information est un élément clé de la programmation, avec les éditions de 13H et 20H qui rythment la grille, l’idée est de créer un troisième rendez-vous quotidien. Ce nouveau pilier va rendre la grille de programmation de TF1 plus robuste.
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L’enjeu est-il aussi de remontrer la part d’audience globale de la chaîne grâce à ce rendez-vous ?
THIERRY THUILLIER
Bien sûr, l’objectif est d’optimiser l’audience et de l’améliorer. En tant qu’émission d’accueil, «Bonjour!» est un espace idéal pour recevoir des invités culturels et politiques, ainsi que pour discuter de sujets de santé, des thèmes qui ne sont pas habituellement couverts dans la grille. L’idée est d’élargir les sujets éditoriaux traités par TF1. Toutes ces raisons ont conduit à la décision, à la fin de l’été, de lancer une matinale.
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Avez-vous dû retravailler la matinale de LCI pour marquer la rupture éditoriale avec celle de TF1 ?
THIERRY THUILLIER
Pas tant que ça ! Depuis la rentrée, la matinale de LCI, animée par Jean-Baptiste Boursier, se concentre davantage sur l’international et la vie politique. Une matinale dont les audiences ont fortement progressé depuis cette rentrée. Cependant, le changement notable est que l’interview politique s’est déplacée vers TF1. Cela n’exclut pas la possibilité de continuer à avoir des entretiens de ce type. De fait, la matinale de LCI se prolonge maintenant jusqu’à 9 heures. Pour schématiser, LCI cible un public citadin, urbain et CSP+, tandis que TF1 vise les 25-49 ans, en particulier les femmes responsables des achats de moins de 50 ans, avec une audience fortement ancrée dans les régions.
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Comment la direction de l’information a-t-elle collaboré avec la direction artistique sur «Bonjour! La matinale TF1» ?
THIERRY THUILLIER
L’implication de la direction artistique est cruciale dans tous nos projets éditoriaux. Yoann Saillon est le directeur artistique avec qui je collabore depuis 7 ans sur divers projets, dont la refonte des plateaux de LCI et les JT de TF1. Pour la matinale «Bonjour !», je souhaitais que le plateau ressemble plus à un appartement qu’à un studio traditionnel. Yoann a travaillé avec les équipes de décorateurs et d’éclairagistes pour concrétiser cette vision. Le résultat est impressionnant, surtout avec l’absence de caméras visibles dans l’espace. L’idée est de créer une atmosphère familière et accueillante, comme si, en ouvrant la matinale, on entrait dans l’appartement de chacun, allumant les lumières pour commencer la journée.
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Comment avez-vous redéfini l’organisation au sein de la rédaction de TF1 ?
THIERRY THUILLIER
Avec l’arrivée de la matinale de TF1, nous avons voulu opérer un équilibre entre nos talents en interne, sans déshabiller nos rédactions. Le regard s’est donc porté sur les compétences à l’extérieur. Certains membres de l’équipe de «Télématin» chez France Télévisions ont exprimé leur intérêt pour notre projet. Nous les avons invités à passer des auditions, et il s’avère que trois d’entre eux nous ont particulièrement convaincus.
MEDIA +
Comment analysez-vous la réaction de BFMTV qui a saisi l’Arcom sur le respect par TF1 de sa convention concernant votre matinale ?
THIERRY THUILLIER
Cela fait partie du jeu, et c’est assez habituel. Lorsque LCI est passée en clair, nous avions fait face à des contestations en raison des craintes autour de l’équilibre économique et du modèle éditorial des chaînes d’information. Cependant, 8 ans plus tard, l’audience de toutes les chaînes a augmenté. Nous misons sur un marché en expansion, pas sur un marché fermé limité à un nombre fixe de téléspectateurs. Nous croyons qu’il est possible d’attirer de nouveaux publics. La concurrence stimule l’innovation et permet à chaque acteur de se démarquer.
MEDIA +
Il y a donc un marché de la télé du matin à exploiter ?
THIERRY THUILLIER
Bien entendu ! Notre pari est de capter un public croissant sur ce créneau. Nous nous sommes réorganisés au niveau de la direction afin de pouvoir continuer à couvrir efficacement tous les rendez-vous d’information du Groupe TF1, assurant ainsi une présence solide et diversifiée sur tous les fronts.
