Tour d’horizon des tendances télé

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Nouvelles stratégies de diffusion dans un contexte incertain, télénovelas turques, adaptations de webtoons, émissions de dating pour les séniors… Tour d’horizon des tendances présentées la semaine dernière au Mipcom, le grand marché international de contenus audiovisuels.

– Fin de la «peak TV» et incertitudes: Si la grève historique des scénaristes et acteurs aux Etats-Unis, toujours en cours pour les comédiens, va retarder nombre de productions américaines, «une chose est sûre, il y aura un repositionnement créatif dans les années à venir, avec peut-être moins de séries premium», estime Béatrice Rossmanith de Glance, le département international de Médiamétrie. «Comme on l’a déjà dit, l’ère de la «peak TV» (avec pléthore de contenus favorisés entre autres par les plateformes de streaming, NDLR) est terminée», ajoute-t-elle. Le secteur «navigue dans un océan d’incertitudes», selon son collègue Frédéric Vaulpré. Et de citer notamment la baisse des revenus publicitaires, qui se poursuit pour la télé traditionnelle (-16,5% entre les 1T 2023 et 2022 pour RTL en Allemagne, -10% sur la même période pour ITV au Royaume-Uni), sans être compensée par la hausse des revenus de la pub en ligne. De leur côté, les plateformes de streaming voient leur nombre d’abonnés, et donc leurs revenus, plafonner, voire reculer, comme Disney.

– Des modes de diffusion repensés : Les chaînes traditionnelles s’adaptent aux nouveaux usages en proposant de plus en plus leurs programmes en avant-première sur internet et en lançant des chaînes Fast (chaînes gratuites diffusées en ligne et financées par la publicité). Mais les plateformes, toutes sous pression, revoient aussi leurs modes de diffusion pour allonger la durée de vie de leurs programmes, mise à mal par le «binge watching» (visionnage frénétique). Plutôt que de sortir tous les épisodes de la dernière saison de «You» en une fois, Netflix a ainsi coupé son lancement en deux, avec une 1ère partie en février et la suivante un mois plus tard. De son côté, Disney+ a multiplié les fenêtres d’exposition pour sa série «American born Chinese», sortie en mai avant une diffusion du 1er épisode en juin sur Youtube puis successivement sur la chaîne américaine ABC et sur les plateformes Hulu et Roku.

– Turquie et webtoons en force : Malgré la grève à Hollywood, les Etats-Unis restent en tête en matière d’exportation de séries devant le Royaume-Uni et la Turquie. Cette dernière arrive en tête des exportateurs de séries non anglophones, devant la Corée du Sud et la France, selon Glance. Plus surprenant, l’Espagne est le plus gros importateur de séries turques, souvent comparables aux télénovelas et également très populaires en Amérique latine. Deuxième, la Corée du Sud devrait encore se distinguer à l’avenir avec des séries adaptées de webtoons (BD en ligne) comme «The deal», sur 2 jeunes qui kidnappent un de leurs amis.

– Dating et cheveux gris : Signe que les chaînes traditionnelles veulent chouchouter leur public vieillissant, plusieurs émissions repérées par l’institut de veille The Wit mettent en scène des séniors. Les Américains ont ainsi eu droit à un spin-off de «The Bachelor», «The Golden Bachelor», où un veuf se voit donner une 2de chance en amour. L’Italie propose également une émission de dating, «Forever young», pour les plus de 60 ans, qui ne se rencontrent pas directement mais à travers de «jeunes avatars» qui leur ressemblent. Plus généralement, les jeux, notamment d’aventures, restent plébiscités mais l’émergence de nouvelles marques fortes reste limitée, le succès international d’un format comme «Les traîtres» n’égalant pas celui du vétéran «The Voice», selon Bertrand Villegas, de The Wit.

– L’animation et Bluey, stars des programmes jeunesse : Les dessins animés représentent 77% des programmes jeunesse les plus regardés dans 5 pays étudiés par Glance (Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni). Au 1S 2023, la série australienne «Bluey» est arrivée pour la 1ère fois en tête du Top 10 de ces 5 pays.