Un collectif baptisé Stop Bolloré dénonce l’«idéologie réactionnaire» de l’«empire médiatique tentaculaire» du milliardaire

344

Un collectif baptisé Stop Bolloré, composé de syndicats, associations, médias et personnalités de gauche, a lancé un appel mercredi pour dénoncer la constitution par le milliardaire d’un «empire médiatique tentaculaire» accusé de servir une «idéologie réactionnaire». 

«Cette concentration de médias est sans précédent dans notre histoire (…). Sous nos yeux incrédules se déroule une révolution rétrograde qu’il est urgent d’empêcher», plaide l’appel, présenté lors d’une conférence de presse à Paris. Il est notamment signé par des syndicats de journalistes (SNJ, SNJ-CGT), des associations (Attac, Maison des potes, Mrap), des médias (revue Regards) ainsi que des journalistes et personnalités de gauche (Edwy Plenel, Daniel Schneidermann, l’avocat Arié Alimi, les historiennes Mathilde Larrère et Laurence de Cock…). 

Le milliardaire Vincent Bolloré est à la tête d’un empire qui a un pied dans l’industrie (groupe Bolloré) et l’autre dans les médias (Vivendi). Il est présent dans l’audiovisuel (groupe Canal+ et ses chaînes C8 et CNews, radio Europe 1), la presse (Prisma Media, premier groupe de magazines en France, «JDD», «Paris-Match»…), la publicité/communication (Havas) ou l’édition (Editis). «Derrière ces logiques de concentration, de prédation économique, il y a une logique de domination politique, d’oppression idéologique», a estimé à la tribune du collectif Edwy Plenel, cofondateur du média d’investigation Mediapart. 

Le collectif vise en particulier la chaîne CNews, accusée de nourrir «une obsession pour les thèmes d’extrême droite». Via certains de ses membres, le collectif a saisi l’Arcom (ex-CSA) au sujet de «multiples manquements» observés selon lui dans l’émission «Face à l’info». Entre 2019 et 2021, elle accueillait le journaliste Eric Zemmour, désormais candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle. Par ailleurs, des structures membres du collectif ont déposé plainte contre X pour notamment «provocation à s’armer contre une partie de la population non suivie d’effet». 

Déposée mercredi auprès du parquet de Paris, cette plainte vise des propos tenus par M. Zemmour sur CNews. Présent sur les réseaux sociaux, le collectif promet des rassemblements dans les semaines à venir. Entendu en janvier par une commission d’enquête parlementaire sur la concentration des médias, Vincent Bolloré avait nié toute visée idéologique: «Notre intérêt (…) est un intérêt purement économique», avait-il assuré. Son entreprise familiale fêtera jeudi son bicentenaire. Ce jour devait marquer le retrait des affaires de l’industriel (70 ans en avril), mais cela semble désormais hypothétique.