Véronique REILLE-SOULT, Vice présidente d’ELAN-Edelman Paris

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Défiance et discrédit des médias : l’édition 2015 du «Trust Barometer» ELAN-Edelman fait apparaître une forte érosion de la confiance médiatique à l’international. Pour nous en parler plus précisément, média+ s’est entretenu avec Véronique REILLE-SOULT, Vice présidente d’ELAN-Edelman Paris.

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Le «Trust Barometer» ELAN-Edelman fait apparaître cette année une inquiétante érosion de la confiance envers les médias. Comment l’analysez-vous ?

Véronique REILLE-SOULT

Cela fait 15 ans que ce baromètre mondial existe. Il permet de situer 27 pays les uns par rapport aux autres. Au niveau international, nous constatons une baisse globale de la confiance que les citoyens ont dans les institutions. Si les résultats 2015 attestent que les médias, en tant qu’institution, n’inspirent majoritairement que peu confiance aux citoyens, les médias français quels qu’ils soient ont eux gagné 2 points de crédibilité en 2014, passant ainsi de 37 à 39%.

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Pourquoi les médias français traditionnels sont-ils en perte de crédibilité ?

Véronique REILLE-SOULT

Il y a une différence notable par rapport au «breaking news». C’est très certainement la recherche d’instantanéité et d’informations qui expliquent cette différence de confiance entre les médias traditionnels et les médias sociaux Nous avons observé à la fois les médias traditionnels (TV, radio, presse) et les médias sociaux (Facebook et Twitter). Ces derniers apparaissent comme un relais d’information de plus en plus fiable, observant une croissance d’1 point là où les médias plus traditionnels, eux, reculent de 4. Après, cela dépend aussi de la manière dont les individus se servent des médias sociaux. Si vous suivez des journalistes sur Twitter, vous partez du principe que les informations émises sont des informations journalistiques.  

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Comment les citoyens perçoivent-ils les médias après les attentats couverts il y a un mois par ces derniers ? 

Véronique REILLE-SOULT

La confiance a plutôt baissé. Le média qui s’en tire le mieux et qui a répondu à une attente durant ces événements dramatiques, c’est la télévision. Cela vient grandement des chaînes d’information qui ont couvert le mieux les attentats. Les réseaux sociaux et la recrudescence des «breaking news» répondent aujourd’hui à une demande croissante d’instantanéité de l’information. Cette tendance se confirme d’autant plus à la suite des évènements #CharlieHebdo du 7 janvier, puisque l’on observe un repli additionnel de 4 points pour les médias traditionnels et une progression de 3 points supplémentaires pour les médias dits «sociaux».

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A l’avenir, comment la perception médiatique des Français peut-elle évoluer?

Véronique REILLE-SOULT

Il est difficile de se projeter vis-à-vis de la montée importante des médias sociaux. L’année prochaine, nous serons particulièrement attentifs au web, la recherche d’information via les moteurs de recherche. C’est une donnée qui monte auprès de tous les citoyens dans le monde entier. Autre point intéressant à suivre : la représentativité de Twitter qui est quand même très relative, en particulier en France. Très peu de gens sont sur Twitter. On oublie souvent la force de Facebook et des informations plus suivies en règle générale sur la plateforme. Lorsqu’une personne que vous connaissez partage une information via Facebook, vous avez le sentiment que cette information est crédible.