Vincent MESLET, Directeur éditorial d’ARTE France

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Dans le cadre d’un point presse organisé hier matin à La Rochelle lors du Sunny Side of The Doc, ARTE a réaffirmé son engagement sans failles en faveur du documentaire. Pour en savoir davantage, média+ s’est entretenu avec Vincent MESLET, Directeur éditorial d’ARTE France. 

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ARTE se porte bien. Votre politique documentaire en est-elle la cause ?

Vincent MESLET

Il existe un vrai dynamisme autour de cette chaîne historique qui voit ses audiences progresser d’année en année. ARTE est très clairement une petite chaîne ayant des objectifs d’audiences modestes. On nous demande de faire parler de nous, d’être original et de marquer notre différence. Cette feuille de route n’a pas de comparaison dans le service public, ni a fortiori dans la télévision privée. Le documentaire, qui occupe plus de la moitié de notre programmation (52%), nous aide à atteindre cette ambition. C’est un genre qui contient en lui-même une diversité. Nous investissons ainsi fortement dans des genres délaissés par d’autres chaînes (géopolitique, culture, art, documentaires de création) mais également dans des thématiques que l’on partage avec d’autres (histoire, découverte, connaissance).

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Audiences modestes certes, mais forte ambition éditoriale assumée ?

Vincent MESLET

Bien entendu ! Notre obsession est d’être dans le qualitatif, l’exigence et la bienveillance auprès des réalisateurs, des créateurs et des producteurs. Chacune des cases d’ARTE repose sur près d’une dizaine de critères qualitatifs liés à la production, au contenu et à sa singularité. Chaque choix est pesé. Au-delà de l’audience, nos projets doivent avoir une visibilité dans la presse, une vie sur internet, etc. Et même si nous avons des contraintes budgétaires, nous prenons des risques autour de projets ambitieux que l’on souhaite voir aboutir. Au programme par exemple, «Jésus et l’Islam» (7X52’) qui éclaire sur des questionnements religieux ou «Les aventuriers de l’art moderne» (6X52’) qui dépeint la vie intime d’artistes et d’intellectuels. 

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Quel est votre équilibre entre les unitaires et les séries documentaires ?

Vincent MESLET

ARTE continue aussi bien à investir sur des unitaires que sur des séries documentaires. Nous jouons la carte de la profusion de propositions autour de cases dédiées.

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Quels sont les budgets pour les documentaires d’ARTE ?

Vincent MESLET

Nous disposons d’une enveloppe budgétaire de 88 M€ (France-Allemagne) dont 42,7 M€ en provenance d’ARTE France. Plus qu’un poids financier dans le milieu, nous sommes la seule chaîne disposant de trois unités documentaires. Cela prouve notre diversité.

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Comment vos curseurs éditoriaux ont-ils évolué ?

Vincent MESLET

Certains curseurs n’ont pas bougé. C’est le cas du documentaire de création mais aussi des films d’histoire qui font partie de l’ADN de la chaîne. En revanche, nous avons accentué la science, les aventures humaines ainsi que les séries évènementielles, très nombreuses à la rentrée. Nous nous attaquons par exemple aux collections de 26’ en journée. Notre volonté d’ouverture nous permet aujourd’hui de jouer sur toute la gamme des écritures. Une grille des programmes est une œuvre en elle-même. On y met beaucoup de soi.