Altice va officialiser son entrée à Wall Street

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Altice USA, filiale américaine de l’empire des médias et des télécoms du milliardaire Patrick Drahi, va officialiser d’ici mercredi son projet d’entrée à Wall Street, destinée à accélérer le remboursement de sa dette et préparer de nouvelles acquisitions.Elle devrait déposer son dossier auprès des autorités américaines, en l’occurrence le gendarme de la Bourse, la SEC, entre ce lundi et mercredi, ont indiqué lundi des sources bancaires sous couvert d’anonymat. Le groupe, né il y a à peine 2 ans du rachat coup sur coup pour un prix total de 26,7 milliards de dollars des câblo-opérateurs Cablevision (Optimum) et Suddenlink, envisage de lever jusqu’à 2 milliards lors de cette opération, selon les mêmes sources.

L’entreprise, 4ème câblo-opérateur américain avec plus de 4,6 millions d’abonnés (particuliers et entreprises), devrait être valorisée entre 25 et 30 milliards de dollars, affirment-elles encore. Ces chiffres pourraient, avertissent-elles, encore évoluer en fonction notamment de l’intérêt des investisseurs. Cette opération a pour but d’aider à accélérer le remboursement des 50 milliards d’euros de dette nette du groupe à fin 2016, financer de nouvelles acquisitions et réduire la part des actionnaires minoritaires. Le fonds de pension canadien CPPIB et le fonds BC Partners, qui détiennent à eux deux 30% du câblo-opérateur, devraient céder au total entre 5 et 10% de cette participation. M. Drahi devrait, lui, conserver sa part de 70% du capital intacte. Altice USA veut effectuer ses 1ers pas boursiers cet été, après la traditionnelle tournée officielle de présentation de l’entreprise aux investisseurs («roadshow»), indiquent les mêmes sources bancaires. L’introduction en Bourse du câblo-opérateur, qui a choisi de se coter sur le New York Stock Exchange (NYSE), serait l’une des plus grosses de cette année. Snap, la maison mère de la populaire messagerie mobile Snapchat, détient pour le moment le record après avoir réussi à lever 3,4 milliards de dollars pour son baptême boursier début mars. Présent dans près d’une vingtaine d’Etats dont New York, Altice USA, dirigé par l’ex-banquier Dexter Goei, a réalisé l’an dernier un c.a. de 8,2 milliards d’euros pour un résultat d’exploitation de 3,1 milliards. Le groupe est bien parti pour devenir la vache à lait de l’empire bâti par le magnat Patrick Drahi, dont il représentait un peu plus de 34% des revenus en 2016, juste derrière la France (environ 48%), en raison d’un marché américain du câble aux fortes marges. La cotation à Wall Street permettrait à M. Drahi de poursuivre sa conquête des Etats-Unis dont les cartes du paysage audiovisuel et du câble sont en train d’être redistribuées. D’autant que l’administration Trump, par la voix du régulateur des télécoms FCC, a déjà fait savoir qu’elle aura une approche «légère» pour ce qui est de la régulation du secteur. Après son introduction en Bourse en 2014 à Amsterdam, Altice avait cassé sa tirelire, déboursant quelque 50 milliards d’euros pour racheter SFR, Portugal Telecom, Suddenlink et Cablevision. Il est plus que probable que la filiale américaine suive l’exemple de sa maison mère en menant une politique d’acquisitions, indique une source proche du dossier. Les Etats-Unis, pays où les abonnements au câble coûtent souvent plus du double des offres proposées en Europe, sont la priorité de Patrick Drahi. Le magnat des médias et des télécoms veut y générer à moyen terme plus de la moitié des revenus de son empire. Dans cette optique, Altice USA a commencé à déployer dans le pays la fibre optique, une technologie offrant des débits fulgurants sans perte de signal. Ceci représente un avantage concurrentiel important en pleine explosion des usages d’internet à la maison, notamment la consommation de vidéos sur tablettes et smartphones très gourmande en bande passante avec le succès des services de vidéo à la demande Netflix et Amazon Prime ou encore Hulu.