Cybercriminalité/terrorisme : urgence d’un renforcement entre la France et l’Allemagne

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Les ministres français et allemand de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière, ont discuté mardi à Lille du renforcement, urgent à leurs yeux, de la coopération entre les deux pays, ainsi qu’aux échelles européenne et internationale, face à la cybercriminalité et au cyberterrorisme. «Il est nécessaire que notre riposte soit commune, européenne, internationale (..) Nous sommes tous confrontés au même défi», a déclaré M.Cazeneuve, lors de son allocution en ouverture du 7e Forum international sur la cybersécurité (FIC) qui se déroule jusqu’à mercredi dans la capitale des Flandres sur le thème de la transformation numérique. «Les attentats que nous avons affrontés ont eux-aussi largement démontré la centralité de la cybersécurité», a-t-il poursuivi, évoquant les propositions en matière de lutte antiterroriste qui doivent être présentées mercredi au Conseil des ministres. 

Dans la foulée de la fusillade meurtrière ayant ciblé «Charlie Hebdo» le 7 janvier à Paris, quelque 1.300 attaques islamistes contre des sites internet ont été relevées et 25.000 messages à caractère haineux ou de soutien aux attentats ont fait l’objet de signalement de la part de la plateforme Pharos de la police, a souligné M. Cazeneuve.  «Adapter notre sécurité à la menace», c’est «un sujet majeur de réflexion parmi les services de renseignement européens», a-t-il ajouté, en remerciant M. de Maizière d’être «venu nous apporter son soutien dans cette période particulièrement difficile où la France fait face à une crise sans précédent». M. Cazeneuve a noté que les groupes jihadistes voyaient dans l’internet un excellent moyen de «propagande» et de «recrutement» parmi les personnes «les plus vulnérables» de nos sociétés et qu’il fallait stopper cela. Devant les participants au Forum, M. de Maizière a rappelé que la France et l’Allemagne collaboraient déjà en matière de cybercriminalité. Mais, a-t-il assuré, «nous pouvons pousser la coopération beaucoup plus loin et nous allons le faire entre le BSI (Bundesamt für Sicherheit in der Informationstechnik) et l’ANSSI» (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), les organismes allemand et français respectifs spécialisés dans la surveillance de l’internet au sein des ministères de l’Intérieur des deux pays. 

Lors d’une conférence de presse commune, les deux ministres ont ensuite rendu compte d’un entretien bilatéral qu’ils venaient d’avoir pour renforcer la déjà «excellente» coopération franco-allemande. 

Bernard Cazeneuve a souligné la nécessité d’un compromis avec le Parlement européen sur l’adoption rapide d’une législation sur le registre de passagers aériens dit PNR (passengers names record) bloquée depuis 2011, en raison des garanties que réclament une majorité d’eurodéputés en matière de données personnelles. Il faut «trouver un accord avec le PE en vue de l’adoption du PNR», a-t-il dit, sinon «nous ne pouvons pas tracer les terroristes». A cette fin, «nous devons donner des garanties que nous sommes capables de trouver cet équilibre» entre respect des libertés individuelles et sécurité, et répondre ainsi aux préoccupations des parlementaires. Les deux ministres ont également insisté sur une amélioration du code fondant les accords de Schengen pour renforcer les contrôles de la circulation des personnes.