iTÉLÉ: les grévistes plus déterminés que jamais, la direction ne cède rien

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Staff of French news channel iTele, hold placards reading "I support iTele", outside the channel's headquarters in Boulogne-Billancourt, on October 19, 2016, during a strike to protest against the arrival of French TV presenter Jean-Marc Morandini. / AFP PHOTO / PHILIPPE LOPEZ

La direction d’iTÉLÉ a suspendu lundi l’émission de Jean-Marc Morandini, uniquement pour le temps de la grève, mais a refusé son arrêt définitif réclamé par les grévistes, plus déterminés que jamais à poursuivre leur mouvement. Dans un bref communiqué, la direction a annoncé «la suspension», «pour des raisons opérationnelles», de l’émission de l’animateur controversé mais assuré qu’elle «reprendra dès l’arrêt de cette grève», entamée il y a une semaine. «C’est une suspension, pas un retrait, et plutôt par manque de moyens techniques. Rien n’a bougé, la direction reste sourde à nos revendications», a-t-on commenté de source syndicale. «Si on arrêtait la grève, Morandini serait sur l’antenne dès ce soir alors que, justement, on fait la grève pour demander son retrait!», s’est exclamé ce responsable, en soulignant le caractère paradoxal de la décision.  «Cette annonce ne change rien, c’est même un cocktail Molotov», s’est indigné un journaliste peu avant le début d’une nouvelle AG des salariés lundi vers 17h00, tandis que d’autres parlaient de «situation hallucinante», voire de «coup tordu». De son côté, le ministère de la Culture a fait savoir lundi soir qu’il étudiait «toutes les possibilités juridiques, en lien avec le ministère du travail, pour aider à la résolution d’un conflit qui n’a que trop duré». Il a également précisé que «les représentants des salariés d’iTélé seront reçus dans un 1er temps à la DIRECCTE (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi)». «La grève continue. Nos revendications restent les mêmes», ont tweeté des grévistes, certains appelant à un nouveau rassemblement mardi à 13h00 devant le siège de la chaîne. Imposée par le patron du groupe, Vincent Bolloré, «Morandini Live», l’émission de l’animateur mis en examen pour «corruption de mineur aggravée», était la seule diffusée en direct depuis le 17 octobre, 1er jour de la grève. Depuis une semaine, les grévistes demandent son arrêt, également réclamé à demi-mot par le CSA jeudi. Faute d’avancée, les salariés d’iTÉLÉ avaient décidé lundi matin de reconduire leur grève jusqu’à mardi 11h30, à 85% des votants, pour un 8e jour consécutif, le plus long conflit de l’histoire de la chaîne. La tension est encore montée d’un cran ce week-end parmi les salariés en raison d’un déménagement jugé brutal des bureaux d’iTÉLÉ pour faire place à la rédaction de Direct Matin (propriété de Vincent Bolloré). Des affaires personnelles de journalistes ont été mises dans une benne à ordure, à la grande colère des salariés. Outre le départ de l’animateur, les journalistes demandent une charte éthique pour garantir leur indépendance vis-à-vis de leur principal actionnaire, Vincent Bolloré, et davantage de moyens pour relancer la chaîne, lourdement déficitaire. Soumise à un plan d’économies drastique depuis cet été, qui l’a privée des pigistes qui assuraient une bonne partie des reportages, iTÉLÉ doit faire face à la concurrence du leader BFMTV mais aussi de LCI (groupe TF1) et de la chaîne publique franceinfo, nouvelles venues sur la TNT gratuite.