2024 : le cinéma français espère briller avec «Anatomie d’une chute» 

219

Les prétendants aux Oscars doivent être dévoilés mardi et si Hollywood s’attend à une déferlante de nominations pour l’incontournable duo «Barbenheimer», le cinéma français retient son souffle pour «Anatomie d’une Chute». Mastodontes du box-office mondial, avec 2,4 milliards de dollars de recettes cumulées à eux deux, «Barbie» et «Oppenheimer» peuvent chacun prétendre à une douzaine de statuettes, dont celle du meilleur film. «Cela continue d’être leur année et on s’attend à ce qu’ils dominent les nominations», explique Pete Hammond, chroniqueur pour le site spécialisé Deadline. Auréolé de cinq Golden Globes, le portrait du père de la bombe atomique réalisé par Christopher Nolan est en position de force. Le film de Greta Gerwig sur la poupée peroxydée et sa découverte de la misogynie du monde réel veut en revanche prouver qu’il peut convertir son succès en or hollywoodien. «Les comédies (…) sont généralement désavantagées par rapport à des films un peu plus graves», résume M. Hammond. «Dans le monde de Barbenheimer, Oppenheimer a clairement l’avantage parce qu’il a un caractère sérieux, il paraît important.» Les deux stars de chaque film, Cillian Murphy en Robert Oppenheimer rongé par les conséquences dévastatrices de sa création, et Margot Robbie en poupée parfaite taraudée par des pensées morbides, apparaissent comme d’inévitables candidats aux prix d’interprétation. Tout comme leurs seconds rôles respectifs: Robert Downey Jr brille en bureaucrate conservateur, plus préoccupé par la destitution d’un Oppenheimer aux sympathies communistes que par les subtilités de la physique quantique, et Ryan Gosling est remarquable en Ken séduit par les sirènes du patriarcat. 

Anatomie d’une ascension : Outre ces deux blockbusters estivaux, «il semble facile de prédire» les autres prétendants à l’Oscar du meilleur film cette année, selon M. Hammond. La fresque historique amérindienne de Martin Scorsese, «Killers of the Flower Moon», le loufoque «Pauvres Créatures», déjà récompensé à la Mostra de Venise, l’attendrissant conte de Noël pour adultes «Winter Break», et «Maestro», biopic du chef d’orchestre Leonard Bernstein avec Bradley Cooper devant et derrière la caméra, sont attendus. Palme d’Or à Cannes, le film français «Anatomie d’une Chute» est également largement pressenti pour rejoindre la course. Récompensé par deux Golden Globes début janvier, il pourrait aussi figurer dans les catégories meilleur scénario et meilleure actrice, grâce au talent de Sandra Hüller – également à l’affiche d’un autre sérieux prétendant, «La Zone d’intérêt». Mais le long-métrage, dans lequel elle incarne une écrivaine ambiguë accusée du meurtre de son mari, ne pourra pas prétendre à l’Oscar du meilleur film international. Il a été snobé pour représenter la France au profit de «La Passion de Dodin Bouffant», une romance historique entre deux gastronomes. Un choix qui a fait polémique. «C’est absolument évident qu’on n’a pas envoyé le bon film aux Oscars», confie Charles Gillibert, un des membres de la commission responsable de cette décision. Après cet «accident industriel», le producteur plaide pour une réforme de l’organe afin «d’élargir le nombre de votants».